Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/667

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armées d’un large fer. De l’autre côté, le père de la nation romaine, Énée, tout brillant du feu que jettent son bouclier et ses armes divines, sort de son camp et s’avance : à ses côtés marche Ascagne, cet autre espoir de la puissante Rome. Un prêtre, vêtu d’une robe blanche, amène un jeune porc et une brebis dont le fer n’a pas enlevé la toison, et approche ces victimes des autels embrasés. L’œil fixé du côté de l’Orient, les rois présentent la farine et le sel, marquent avec le glaive le front des victimes, et de leurs coupes répandent sur les autels le vin des libations.

Alors Énée, l’épée nue à la main : « Ô Soleil, dit-il, ô terre d’Italie, pour qui j’ai pu supporter de si durs travaux ; puissant maître des dieux, et toi, fille de Saturne, devenue plus favorable pour moi (je te supplie de l’être) ; et toi, illustre Mars, toi qui tiens entre tes mains le sort des combats ; et vous, Fontaines et Fleuves, et vous, divinités de l’air et des mers azurées, je vous invoque : soyez témoins de mes promesses. Si la victoire se déclare pour Turnus, les vaincus se retireront dans la ville d’Évandre ; Iule abandonnera cette contrée ; les Troyens s’engagent à ne plus prendre les armes, et à ne plus attaquer avec le fer ce royaume. Mais si la victoire vient prouver que Mars nous est favorable (comme je le crois fermement, et puissent les dieux con-