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TITYRE.

La liberté, qui, bien que tardive, me regarda ; dans mon insouciance, d’un œil favorable, quand ma barbe tombait déjà blanchie sous le rasoir ; enfin, après une longue attente, elle m’a souri, et elle est venue, depuis qu’Amaryllis me tient sous sa loi et que Galatée m’a quitté. Car je l’avouerai, tant que j’appartins à Galatée, je n’avais ni espoir de liberté ni soin de mon pécule. En vain de mes étables sortaient de nombreuses victimes ; en vain pour une ville ingrate je pressurais mon plus pur laitage : jamais je ne revenais au logis les mains chargées d’argent.

MÉLIBÉE.

Et je m’étonnais si, toujours triste, Amaryllis, tu invoquais les dieux ! si tu laissais pendre à l’arbre les fruits mûrs ! Tityre était absent. Ah ! Tityre, ces pins, ces fontaines, ces arbrisseaux t’appelaient.

TITYRE.

Que faire ? Je ne pouvais autrement sortir d’esclavage ni espérer ailleurs des dieux aussi favorables. C’est là que je l’ai vu, ô Mélibée ! ce jeune héros pour qui chaque année, douze fois sur nos autels, fume l’encens ; là, qu’à ma prière il a répondu : « Faites