Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/76

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Je possède une flûte composée de sept tuyaux d’inégale longueur ; c’est un présent de Damétas, et en mourant il me dit : « Sois-en le second maître. » Ainsi parla Damétas, et Amyntas en fut sottement jaloux. J’ai de plus deux jeunes chevreuils, que j’ai surpris, non sans danger, dans le fond d’un ravin. Leur poil est encore tacheté de blanc ; chaque jour, ils épuisent les deux mamelles d’une brebis ; c’est pour toi que je les garde. Depuis bien longtemps, Thestylis me les demande avec instance ; et Thestylis les obtiendra, puisque mes présents n’ont nul prix à tes yeux.

Viens, ô bel enfant ! viens en ces lieux ; vois les nymphes t’apporter leurs corbeilles pleines de lis, la blanche Naïade cueillir pour toi la pâle violette et le pavot superbe, y joindre le narcisse, l’aneth parfumé, le romarin odoriférant, et relever, par l’éclat du souci doré, les molles couleurs du vaciet. Moi-même, je cueillerai les fruits que blanchit un léger duvet, et les châtaignes que mon Amaryllis aimait ; j’y joindrai les prunes dorées, et ce fruit aussi aura son prix ; lauriers, et vous, myrtes, je vous rapprocherai, et j’enlacerai vos rameaux, puisqu’ainsi réunis vous mariez si bien vos suaves parfums.

Corydon, tu n’es qu’un villageois ; tes présents ne touchent