Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 1, 1838.djvu/17

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XII.

Il avait enseigné, comme le racontent les bardes, les secrets de son art à cette noble dame, en sorte qu’elle pouvait commander aux esprits invisibles de l’air12. Assise maintenant en son cabinet mystérieux, situé dans la tour de l’Ouest de l’ancien lord David, elle prête l’oreille à des sons lugubres qui se font entendre autour des tourelles, dont la masse recouvre les antiques créneaux. Est-ce le mugissement des flots du Téviot qui viennent se briser avec furie contre les bords escarpés du rivage ? est-ce le vent qui agite la cime des chênes ? est-ce l’écho des rochers ? quel peut-il être ce son lugubre qui mugit autour des antiques tourelles de Branksome ?

XIII.

À ces sons tristes et plaintifs répondent les aboiements et les hurlements des chiens de garde, et du haut des tourelles le hibou étonné fait entendre ses cris sinistres. Dans la grande salle, écuyers et chevaliers jurent qu’un orage est près d’éclater, et regardent le ciel pour voir quelle nuit il fait ; mais la nuit est calme et le ciel est pur.

XIV.

Mais la dame de Branksome ne les confondait ni avec le mugissement des flots du Téviot se brisant contre les flancs de la montagne, ni avec le murmure des chênes agités par le vent, ni avec le morne écho des rochers, ni avec la voix de la tempête près d’éclater. C’était l’Esprit des eaux qui s’adressait en ces termes à l’Esprit de la montagne.

XV.
l’esprit des eaux.

« Dors-tu, frère ? »