Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lisait toujours avec elle dans le même livre de prières, et il savait trouver les leçons tout aussi bien que le curé lui-même. Faites-le monter, et qu’on l’entende. — Il n’y a pas de mal à l’interroger, dit Claverhouse, soit innocent, soit coupable. Major Allan, » dit-il en se tournant vers l’officier qui commandait après lui, « prenez un guide, et conduisez le régiment à Loudon-Hill, en prenant le chemin le plus court et le meilleur. Allez paisiblement et ne souffrez pas que les hommes crèvent leurs chevaux ; lord Evandale et moi, nous vous rejoindrons dans un quart d’heure. Laissez Bothwell avec une escorte pour amener les prisonniers. »

Allan salua, et quitta l’appartement avec tous les officiers, excepté Claverhouse et le jeune Evandale. Au bout de quelques minutes, le son de la musique militaire et le trépignement des chevaux annoncèrent que les cavaliers quittaient le château. Les sons n’arrivèrent bientôt plus que par intervalles, et bientôt ils se perdirent entièrement. Tandis que Claverhouse cherchait à apaiser les terreurs de lady Marguerite, et à faire partager au major vétéran son sentiment sur Morton, Evandale, cherchant à surmonter cette timidité qui empêche un jeune homme ingénu d’approcher de l’objet de son amour, s’avança vers miss Bellenden, et d’un ton mêlé de respect et d’intérêt :

« Nous allons vous quitter, » dit-il en prenant la main de la jeune fille, qu’il serra avec beaucoup d’émotion ; « vous quitter pour une scène qui n’est pas sans danger. Adieu, chère miss Bellenden ; permettez-moi de dire pour la première fois, et peut-être pour la dernière, chère Édith ! Nous nous séparons dans des circonstances si cruelles, qu’elles peuvent excuser un peu de solennité dans les adieux que j’adresse à celle que je connais depuis si long-temps, et que je respecte si profondément. »

Mais le son tremblant de sa voix semblait exprimer un sentiment beaucoup plus vif, beaucoup plus tendre que le respect. Il n’est pas dans la nature de la femme d’être tout à fait insensible à l’expression modeste et profondément sentie de la tendresse qu’elle inspire. Quoique accablée par les malheurs et le danger imminent de l’homme qu’elle aimait, Édith fut touchée de l’amour respectueux et sans espoir du jeune soldat, qui la quittait pour se précipiter au milieu des périls de la guerre.

« J’espère… j’espère sincèrement, dit-elle, que cette cérémonie solennelle est inutile… que ces fanatiques rebelles se disperseront plutôt par la frayeur que par la force, et que lord Evandale