Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/167

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qui, du côté opposé à celui par lequel ils venaient de monter, descendait par une pente douce, l’espace de plus d’un quart de mille, et offrait un terrain qui, quoique inégal en quelques endroits, n’était pas entièrement défavorable pour les manœuvres de la cavalerie, tandis que vers le bas la pente se terminait par un fond uni et marécageux, traversé dans toute sa longueur par ce qui paraissait être ou un ravin naturel ou une profonde tranchée artificielle ; les côtés étaient coupés par des sources, des fossés remplis d’eau, où l’on avait creusé pour retirer de la tourbe, et çà et là se trouvaient des bouquets épars de sureau, tellement bien placés au milieu de cette humidité, qu’ils continuaient à croître en buissons, quoique trop rabougris par la mauvaise qualité du terrain et l’eau stagnante pour devenir jamais des arbres. Au-delà de ce fossé ou retranchement, la terre s’élevait et formait une seconde colline couverte de bruyères, et c’était à sa base, et comme pour protéger le terrain rompu et le fossé qui le couvrait en avant, que le corps des insurgés semblait s’être rangé pour attendre l’attaque.

Leur infanterie était disposée sur trois lignes. La première, assez bien pourvue d’armes à feu, était avancée si près du bord du bourbier, que son feu devait nécessairement incommoder beaucoup la cavalerie royale dans sa descente de la montagne opposée, puisque son front se trouvait à découvert ; il était probable qu’elle leur serait encore plus fatale, si les cavaliers tentaient de traverser le marécage. Derrière cette première ligne était un corps de piqueurs, qui devait la soutenir si les dragons parvenaient à forcer le passage. En arrière se trouvait la troisième ligne, consistant en paysans armés de faulx placées toutes droites sur des pieux, de fourches, de broches, de massues, d’aiguillons, de lances à pêcher, et d’autres instruments rustiques de même genre, que le ressentiment avait convertis en instruments de guerre. Sur chaque liane de l’infanterie, mais un peu en arrière du bourbier, comme pour avoir une terre sèche et solide où ils pussent agir si leurs ennemis forçaient le passage, on avait placé un petit corps de cavalerie, qui, en général, n’était que mal armé et encore plus mal monté, mais plein de zèle pour la cause, étant presque tout recruté parmi les petits propriétaires, ou les fermiers assez riches pour servir à cheval. Ou voyait retourner lentement vers cet escadron quelques-uns de ceux qui avaient servi à repousser l’avant-garde des troupes royales. C’étaient les