Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/175

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dale ; et, piquant son cheval, il s’élança au galop vers le bas de la montagne, suivi de sa propre compagnie et de celle du cornette tué ; et chacun s’efforçant d’être le premier à venger la mort du jeune officier, les rangs furent bientôt dans une complète confusion. Ces forces composaient la première ligne des royalistes. Ce fut en vain que Claverhouse s’écria : « Halte ! halte ! cette témérité nous perdra. » Tout ce qu’il put faire fut de courir au galop au-devant de la seconde ligne, suppliant, commandant, et même menaçant les hommes de son épée, et de les empêcher de suivre un exemple si dangereux. — « Allan, » dit-il au major dès qu’il fut parvenu à rétablir le calme, « conduisez les soldats lentement jusqu’au bas de la colline pour soutenir lord Evandale, qui est près d’en avoir besoin… Bothwell, tu es un homme froid et audacieux !… Oui, murmura Bothwell ; vous vous en souvenez dans un moment comme celui-ci. — Prends dix hommes avec toi ; conduis-les le long de la tranchée à droite, et tente tous les moyens pour traverser le marécage ; puis forme les rangs et charge les rebelles en flanc et en arrière, tandis qu’ils seront occupés avec nous en avant. »

Bothwell fit un signe d’intelligence et de soumission, et s’éloigna rapidement avec sa troupe.

Pendant ce temps, le désastre que Claverhouse avait prévu ne manqua pas d’arriver. Les cavaliers qui s’étaient précipités avec Evandale vers l’ennemi se virent bientôt arrêtés dans leur course confuse par la nature impraticable du terrain ; quelques-uns restaient embarrassés dans le bourbier qu’ils cherchaient à franchir ; les autres reculaient et restaient sur le bord ; d’autres se dispersaient pour chercher un passage plus favorable. Au milieu de cette confusion, le premier rang de l’ennemi qui était agenouillé, le second courbé et le troisième droit, faisaient un feu continuel et destructif qui abattit au moins une vingtaine de cavaliers et augmenta dix fois plus le désordre. Lord Evandale, pendant ce temps, à la tête de très-peu d’hommes bien montés, était parvenu à traverser le fossé ; mais il ne fut pas plus tôt de l’autre côté qu’il se vit chargé par l’aile gauche de la cavalerie de l’ennemi, laquelle, encouragée par le petit nombre d’opposants qui s’étaient débarrassés du mauvais terrain, tomba sur eux avec fureur, en s’écriant : « Malheur, malheur aux Philistins incirconcis ! À bas Dagon et tous ses sectateurs ! »

Le jeune lord se battait comme un lion ; mais la plupart de ses