Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/177

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Puis, comme s’il eût été animé par l’esprit de ses ancêtres, il s’écria : « Bothwell ! Bothwell ! » et se jetant dans la mare, et luttant à la tête de son parti, il parvint à la traverser, et attaqua celui de Burley avec tant de furie qu’il le repoussa au-delà de la portée de pistolet, tuant trois hommes de sa propre main. Burley, sentant les suites d’une défaite dans cette position, et voyant que ses hommes, quoique en plus grand nombre, étaient inférieurs aux troupes régulières dans l’usage des armes et le maniement des chevaux, se jeta sur le passage de Bothwell et l’attaqua corps à corps. Chacun des combattants était considéré comme le champion de son parti respectif, et il en résulta un combat plus ordinaire dans les romans que dans l’histoire réelle. Les deux troupes s’arrêtèrent aussitôt, contemplant ce combat comme si le sort de la journée dépendait de ces deux redoutables adversaires. On aurait dit qu’ils avaient eux-mêmes cette opinion ; car, après s’être croisés et repoussés deux ou trois fois, ils s’arrêtèrent épuisés, comme d’un commun accord, pour reprendre haleine, et se préparer à un combat singulier dans lequel chacun semblait sentir qu’il avait trouvé son égal.

« Vous êtes le meurtrier Burley, » dit Bothwell en saisissant avec force la poignée de son sabre, et en serrant ses dents l’une contre l’autre… « vous m’avez échappé une fois ; mais… (il fit un jurement trop violent pour le répéter ici)… ta tête vaut son poids en argent, et elle s’en ira au pommeau de ma selle, ou ma selle s’en ira sans moi. — Oui, » reprit Burley avec un calme sombre et farouche, « je suis ce John Balfour de Burley qui a promis de déposer ta tête là où tu ne la soulèveras plus jamais ; et que Dieu m’en fasse autant et encore plus, si je ne tiens parole ! — Alors un lit de bruyère, ou un millier de marcs ! » dit Bothwell en frappant Burley de toute sa force. — L’épée du Seigneur et de Gédéon ! » reprit Balfour en parant le coup et en en portant un autre.

On a rarement vu deux combattants aussi égaux en force corporelle, en adresse dans le maniement de leurs armes et de leurs chevaux, en courage déterminé et en animosité inflexible. Après avoir échangé plusieurs coups terribles, chacun recevant et donnant plusieurs blessures, quoique peu graves, ils se saisirent corps à corps, comme dans l’impatience désespérée d’une haine mortelle, et Bothwell prenant son ennemi par le ceinturon, tandis que Balfour le serrait au collet, ils roulèrent tous deux à terre. Les compagnons de Balfour, voulurent venir à son aide, mais ils