Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/190

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poursuivre la victoire que la Providence vous a accordée dans sa bénédiction. »

Cette troupe ayant passé son chemin, ils furent aussitôt assaillis par un autre détachement, auquel il fallut donner la même explication. Kettledrummle, dont la frayeur s’était beaucoup dissipée, depuis que le feu avait cessé, reprit la tâche de médiateur, et, devenant plus hardi à mesure qu’il sentait que sa protection était nécessaire à ses ci-devant compagnons de captivité, il s’attribua une part assez considérable de la victoire, en interpellant Morton et Cuddie pour qu’ils dissent si le sort de la bataille n’avait pas changé dès le moment qu’il s’était mis en prières sur le mont de Jehovah-Nissi, comme Moïse, afin qu’Israël l’emportât sur Amalec ; mais leur accordant en même temps l’honneur d’avoir soutenu ses mains quand elles s’appesantissaient, ainsi qu’Aaron et Hur avaient soutenu celles du prophète. Il est probable que Kettledrummle accordait cette partie du succès à ses compagnons d’infortune, dans la crainte qu’ils ne fussent tentés de dévoiler le secret de son égoïsme et de sa pusillanimité. Ces vifs témoignages en faveur des captifs libérés se propagèrent rapidement, avec beaucoup d’exagération, dans l’armée victorieuse. Les rapports différaient ; mais on annonça universellement que le jeune Morton de Milnwood, fils du brave soldat du Covenant, Silas Morton, ainsi que le révérend Gabriel Kettledrummle, et une chrétienne extraordinairement pieuse, qui, selon plusieurs, l’égalait au moins dans le talent de développer une doctrine ou un texte de terreur ou de consolation, étaient arrivés pour soutenir l’ancienne bonne cause, avec un renfort de cent hommes bien armés, venant du territoire du milieu.






CHAPITRE XVIII.

des controverses.


Quand on frappait sur le pupitre, espèce de tambour ecclésiastique, avec le poing en place de baguette
Butler, Hudibras.


Pendant ce temps, la cavalerie des insurgés revenait de sa poursuite, fatiguée de ces efforts peu accoutumés, et l’infanterie s’assemblait sur le terrain qu’elle avait conquis, épuisée de faim et de fatigue. Quoi qu’il en soit, leur succès remplissait leurs cœurs de joie, ce semblait même leur tenir lieu de nourriture et