Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/196

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contre Sisara. Ainsi donc, que quiconque désire obtenir une renommée immortelle dans ce monde et un bonheur éternel dans l’autre, s’enrôle au service de Dieu, reçoive les arrhes de la main de son serviteur… c’est-à-dire une bénédiction sur lui, sur sa maison et sur ses enfants jusqu’à la neuvième génération, même la bénédiction de la promesse aux siècles des siècles ! Amen. »

L’éloquence du prédicateur fut applaudie par un murmure d’approbation qui se fit entendre parmi la multitude armée, à la fin d’une exhortation si bien appropriée à ce qu’ils avaient fait et à ce qu’il leur restait à faire. Les blessés oubliaient leurs douleurs, les affamés ne songeaient plus à leurs fatigues et à leurs privations, en écoutant la doctrine qui les élevait au-dessus des besoins et des calamités du monde, et qui identifiait leur cause avec celle de Dieu. Un grand nombre se pressaient autour du prédicateur tandis qu’il descendait du tertre sur lequel il était monté, et le serraient de leurs mains encore humides de sang. Ils s’engagèrent par serment à remplir la tâche de vrais soldats du ciel. Épuisé par son propre enthousiasme et par la ferveur qu’il avait déployée dans son discours, le prédicateur ne put répondre que par des accents entrecoupés « Dieu vous bénisse, mes frères !… C’est sa cause… Tenez-vous fermes et agissez en hommes… Le pis qui puisse nous advenir est d’arriver au ciel par un chemin court et sanglant. »

Balfour et les autres chefs n’avaient pas perdu le temps qu’on avait passé dans ces exercices spirituels. On avait allumé des feux de sûreté, posté des sentinelles, et pris des arrangements pour rafraîchir l’armée avec des provisions qu’on avait ramassées à la hâte dans les fermes et les villages les plus voisins. Ayant ainsi pourvu aux besoins les plus pressants, les pensées se tournèrent vers l’avenir. Les chefs avaient envoyé des partis pour répandre la nouvelle de leur victoire, et pour obtenir de bonne grâce ou de force ce dont ils pouvaient avoir besoin. En cela ils avaient réussi au-delà de leurs espérances, ayant saisi dans un village un petit magasin de provisions, de fourrage et de munitions qu’on avait préparé pour l’armée royale. Ce succès non seulement eut son utilité pour le moment, mais leur donna de telles espérances pour l’avenir, que tous ceux dont le zèle avait commencé à se refroidir, résolurent unanimement de rester sous les armes, et d’abandonner leur cause au sort de la guerre.

Quoi qu’on pense de l’extravagance et de l’absurde bigoterie de