Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/232

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dait pas, on tenterait un assaut, et si l’assaut était sans résultat, on devait laisser une partie des troupes pour faire le blocus du château et le réduire par la famine, tandis que le principal corps d’armée marcherait sur Glasgow pour en chasser Claverhouse et lord Ross. Telles furent les résolutions du conseil ; et Morton allait débuter dans sa nouvelle carrière par l’attaque d’un château appartenant à la grand’mère de celle qu’il aimait, et défendu par le major Bellenden, à qui il devait tant de reconnaissance ! Il sentait tout l’embarras de sa position ; mais il se consola en songeant que l’autorité qu’il venait d’acquérir dans l’armée le mettrait à même d’assurer aux habitants de Tillietudlem une protection qui, autrement, leur eût manqué ; il espérait même amener, par sa médiation entre eux et les presbytériens, quelque accommodement qui leur garantirait tous les avantages de la neutralité pendant le cours de la guerre.






CHAPITRE XXIV.

le fugitif.


Arriva du champ de bataille un chevalier sur les armes duquel ruisselaient le sang et la sueur.
Finlay.


Il nous faut maintenant revenir à la forteresse de Tillietudlem et à ses habitants. L’aurore du premier jour qui suivit la bataille de Loudon-Hill commençait à briller sur les fortifications du château, et ses défenseurs avaient déjà repris les travaux qui devaient le rendre imprenable, quand la sentinelle qui était en faction sur une haute tourelle appelée la tour de Garde, annonça l’approche d’un cavalier. Lorsqu’on le vit de plus près, on reconnut à ses vêtements un officier des gardes-du-corps, et la lenteur du pas de son cheval aussi bien que la manière dont le cavalier se tenait en selle montraient clairement qu’il était malade ou blessé. On ouvrit aussitôt le guichet pour le recevoir, et lord Evandale entra dans la cour, tellement épuisé par la perte de son sang qu’il fallut l’aider à descendre de cheval. Quand il parut dans le salon, appuyé sur un domestique, les dames jetèrent un cri de surprise et de frayeur ; car, pâle comme la mort, couvert de sang, son uniforme sale et déchiré, ses cheveux mouillés et en désordre, il ressemblait plus à un spectre qu’à un être humain : mais un cri de joie succéda à ce premier effroi.