Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/241

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vieille routine d’art militaire. Lord Evandale était bien propre à donner son avis sur de tels sujets, car dès sa première jeunesse il avait servi en France et dans les Pays-Bas. Cependant il ne vit, rien ou presque rien à changer aux préparatifs déjà faits ; et, n’eût été le manque de provisions, il lui parut évident qu’une place si forte n’avait rien à redouter d’ennemis tels que ceux qui la menaçaient.

Dès le point du jour, lord Evandale et le major Bellenden étaient sur les remparts, examinant avec une attention scrupuleuse l’état de leurs préparatifs, et attendant avec anxiété l’approche de l’ennemi. Je dois observer que le rapport des espions avait été alors régulièrement fait et entendu. Mais le major n’accueillit qu’avec la plus méprisante incrédulité la nouvelle que Morton avait pris les armes contre le gouvernement.

« Je le connais mieux que vous, » fut la seule réponse qu’il daigna faire. « Les gaillards n’ont point osé s’avancer assez loin, et ils ont été abusés par quelque ressemblance trompeuse, ou bien ils nous ont fait une histoire. — Je ne suis point de votre avis, major, répondit lord Evandale ; je pense que vous verrez ce jeune gentilhomme à la tête des rebelles ; et quoiqu’au fond du cœur j’en sois fâché, je n’en suis pas grandement surpris. — Vous êtes aussi fou que Claverhouse, dit le major. Il me soutenait en face, hier matin, que ce jeune homme, qui a d’aussi bons principes, autant de courage et de fierté que qui que ce soit, n’attendait qu’une occasion pour se mettre à la tête des insurgés. — Et à considérer le traitement qu’il a reçu et les soupçons dont il est l’objet, dit lord Evandale, quelle autre carrière lui est ouverte ? Pour moi, il me serait difficile de décider s’il mérite plutôt le blâme que la compassion. — Le blâme, milord !… La compassion ! » répéta le major étonné d’entendre un pareil langage. « Il mériterait d’être pendu, voilà tout. Et fût-ce mon propre fils, je lui verrais avec plaisir mettre la corde au cou. Le blâme ! ah bien, oui ! Mais Votre Seigneurie ne pense certainement pas ce qu’elle vient de dire. — Sur mon honneur, major Bellenden, je pense depuis quelque temps que nos politiques et nos prélats ont poussé les choses dans ce pays à un point trop rigoureux ; qu’ils se sont aliéné, par des violences de tout genre, non seulement le bas peuple, mais les classes plus élevées que l’esprit de parti ou un entier dévouement au roi n’enchaîne pas sous ses étendards. — Je ne suis pas un politique, répondit le major, et je ne comprends