Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/256

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dèrent dans le centre de la cité, où se trouvaient la maison de ville et la vieille prison, résolus à soutenir l’assaut des insurgés avant de leur abandonner la capitale de l’Écosse occidentale. Les presbytériens se divisèrent en deux corps pour faire leur attaque : l’un pénétra dans la ville par le côté du collège et de la cathédrale, tandis que l’autre se porta sur Gallowgate, principale entrée du sud-est. Les deux divisions étaient conduites par des hommes de résolution et animés d’un grand courage ; mais les avantages de l’habileté militaire et de la position ne pouvaient être surmontés par leur valeur indisciplinée.

Ross et Claverhouse avaient eu soin de placer des soldats dans les maisons situées à l’entrée des rues, sur les places et dans les carrefours, sans parler des troupes retranchées derrière des barricades qui fermaient le passage aux assaillants. Ceux-ci voyaient donc leurs rangs s’éclaircir sous le feu d’ennemis invisibles, sans pouvoir riposter avec succès. Ce fut en vain que Morton et d’autres officiers s’exposèrent en personne avec la plus noble intrépidité, et voulurent aborder leurs adversaires ; au lieu de les suivre, leurs soldats s’enfuyaient de tous côtés. Morton fut un des derniers à se retirer ; il soutint l’arrière-garde par des efforts inouïs, maintenant l’ordre dans la retraite, et repoussant les tentatives réitérées que faisait l’ennemi pour profiter de ses avantages. Cependant il eut la mortification d’entendre plusieurs de ses soldats murmurer entre eux, que « leur défaite venait de la confiance accordée à de jeunes latitudinaires, et que si le digne, le fidèle Burley avait conduit l’attaque comme aux barricades de Tillietudlem, l’issue du combat eût été bien différente. »

Ce fut avec le plus vif ressentiment que Morton entendit ces reproches sortir de la bouche de ceux même qui avaient les premiers perdu courage. Toutefois ils enflammèrent son ardeur en lui faisant sentir qu’engagé comme il l’était dans une entreprise périlleuse, il n’avait d’autre alternative que celle de vaincre ou de mourir.

« Il n’y a pas de retraite pour moi, » se dit-il à lui-même ; « que tout le monde avoue, même le major Bellenden, même Édith, qu’en courage, du moins, le rebelle Morton n’est pas resté au-dessous de son père. »

Il régnait après cet échec si peu de discipline et tant de désordre dans les rangs de l’armée, que les chefs jugèrent prudent de se retirer à quelques milles de la ville, afin d’avoir le temps de