Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous côtés des détails bien capables d’abattre le courage des insurgés. L’espèce de protection qu’ils pouvaient attendre de Montmouth devait vraisemblablement être contre-balancée par ceux avec qui il partageait le commandement. Son lieutenant-général, le célèbre Thomas Dalzell, avait servi en Russie, pays alors plongé dans la barbarie ; et il était aussi redouté par sa cruauté et par le peu de cas qu’il faisait de la vie des hommes, que par son attachement au roi et sa valeur indomptable. Il était en second sous Montmouth, et la cavalerie était commandée par Claverhouse, qui brûlait de venger la mort de son neveu et sa défaite à Drumclog. À tous ces rapports on ajoutait la plus formidable description des forces de l’artillerie et de la cavalerie qui appuyaient l’armée royale prête à entrer en campagne[1].

Des corps considérables, composés de clans des Highlands, qui, pour le langage, la religion et les mœurs, n’avaient aucun rapport avec les insurgés, avaient été sommés de joindre l’armée royale, sous leurs différents chefs, et ces Amorites ou Philistins, comme les appelaient les insurgés, accouraient au carnage comme des aigles. Tout homme en état de marcher ou de monter à cheval avait reçu l’ordre de prendre les armes ; ce qui peut faire penser que l’intention de la cour était d’imposer de fortes amendes ou de confisquer les biens de ceux que leurs principes empêcheraient de se ranger sous l’étendard royal, bien que la prudence les tînt éloignés de celui des presbytériens insurgés. En un mot, tous ces bruits tendaient à augmenter la crainte de ces derniers en leur faisant croire que la vengeance du roi n’avait été différée que pour les atteindre avec plus de violence et de certitude.

Morton s’efforça de rassurer les esprits de la multitude, en leur représentant que ces rapports étaient probablement exagérés, et en leur faisant remarquer la force de leur position, défendue par

  1. Une muse caméronienne s’éveilla dans cette funèbre occasion, et raconta la revue des forces royales dans des vers presque aussi mélancoliques que le sujet ; les voici :
    « Ils marchèrent à l’est à travers la ville de Lithgow, pour recruter leur armée, et ils envoyèrent dans tout le nord pour qu’on vînt à pied et à cheval.
    « Montrose vint, et Athole aussi, et beaucoup avec eux, et tous les Amorites des hautes terres, autant qu’on n’en avait jamais vu.
    « Le lowdian mallisha (la milice du Lothian) vint avec ses habits bleus ; cinq cents hommes de Londres vinrent habillés de rouge.
    « Quand ils furent tous bien pourvus d’armes et de munitions, alors ils s’avancèrent avec des intentions plus cruelles. »
    Les royalistes célébrèrent leur victoire dans des stances qui n’ont pas moins de mérite. Un peut voir des modèles de ces chants populaires dans la curieuse Collection des poésies fugitives écossaises, principalement parmi celles du dix-septième siècle, imprimées par MM. Laing, à Édimbourg.