Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/288

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froides salutations, et l’on pouvait prédire que ceux qui avaient convoqué le conseil ne s’attendaient pas à une conférence amicale. Macbriar, que l’emportement de son zèle entraînait toujours en avant, rompit le premier le silence. Il désirait connaître par quelle autorité ce mécréant, ce lord Evandale, avait été soustrait à la sentence de mort justement prononcée contre lui.

« Par mon autorité et par celle de Morton, » répondit Poundtext, qui, outre qu’il était jaloux de donner à son compagnon une preuve de son courage, se confiait beaucoup en son appui, et qui d’ailleurs craignait moins de se mesurer avec un homme de sa profession, qui n’employait que les armes de la controverse théologique, plutôt qu’avec le farouche et sanguinaire Balfour. — « Et qui donc, mon frère, répondit Kettledrummle, vous a donné le pouvoir de vous interposer dans une matière si importante ? — Les termes mêmes de notre commission, dit Poundtext, qui nous donnent le pouvoir de lier et de délier : si lord Evandale a été légalement condamné à mort par la voix de l’un de nous, il a été aussi légalement délivré de la mort par la volonté de deux autres. — Allez, allez, dit Burley, nous connaissons vos motifs ; c’était pour envoyer ce ver à soie, ce colifichet doré, cette poupée brodée, porter des propositions de paix au tyran. — Il est vrai, » répliqua Morton, qui s’aperçut que son compagnon commençait à fléchir sous le regard terrible de Burley ; « Il est vrai : et qu’y trouvez-vous à redire ? Devons-nous plonger la nation dans une guerre éternelle, pour des projets aussi vains, aussi injustes qu’impraticables ? — Écoutez-le, dit Burley, il blasphème ! — C’est faux ! répondit Morton ; les blasphémateurs sont ceux qui attendent du ciel des miracles et qui négligent de se servir des moyens que la divine sagesse a mis à la disposition des hommes pour accomplir leurs entreprises. Je vous le répète : notre but, et nous l’avouons hautement, notre but est d’obtenir le rétablissement de la paix à de bonnes et honorables conditions qui nous assurent le libre exercice de notre religion et notre liberté. Nous n’avons nullement la prétention de tyranniser la conscience et la liberté des autres. »

La querelle eût été plus animée que jamais s’ils n’eussent reçu la nouvelle imprévue que de Montmouth avait commencé sa marche vers l’est, et qu’il était déjà à moitié chemin d’Hamilton. Toute division cessa aussitôt ; et il fut convenu que le lendemain serait un jour de jeûne solennel en expiation des péchés