Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/334

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et considéra ces affreux préparatifs avec un sang-froid impassible. Si, dans le premier moment de la surprise, le sang s’était retiré de ses joues par suite d’un sentiment d’effroi involontaire, sa fermeté d’âme le fit bientôt remonter plus vif encore à son front.

« Connaissez-vous cet homme ? » lui dit Lauderdale d’un ton sombre et grave, et presque à voix basse. — « Je suppose, répliqua Macbriar, que c’est l’exécuteur infâme de vos ordres sanguinaires contre la personne des élus de Dieu. Vous et lui vous êtes également méprisables à mes yeux, et je bénis Dieu de ce que je ne redoute pas les tourments que vous pouvez ordonner, et qu’il peut me faire souffrir. La chair et le sang peuvent fléchir sous les souffrances auxquelles vous me condamnez ; la nature faible et fragile peut verser des larmes, ou laisser échapper des cris ; mais mon âme, j’en ai la confiance, mon âme a jeté l’ancre sur le rocher des siècles. — Faites votre devoir, » dit le duc au bourreau.

Celui-ci s’avança, et demanda d’une voix rauque et discordante à laquelle des deux jambes du prisonnier il devait d’abord appliquer les instruments de torture.

« Qu’il choisisse lui-même, répondit le duc. Je veux l’obliger dans tout ce qui est raisonnable. — Puisque vous me laissez le choix, » dit le prisonnier en avançant sa jambe droite, « prenez la meilleure ! je la sacrifie volontiers à la cause pour laquelle je souffre[1]. »

L’exécuteur, aidé de ses valets, enferma la jambe et le genou dans l’étroite botte de fer, plaça un coin du même métal entre le bord de la machine et le genou, prit un maillet, et demeura immobile, attendant de nouveaux ordres. Un homme bien vêtu (c’était un médecin) se plaça de l’autre côté de la chaise du prisonnier, lui mit le bras à nu, et appliqua son pouce sur l’artère, afin de régler la torture d’après les forces du patient. Quand ces préparatifs furent terminés, le président du conseil répéta la même question ; toujours d’une voix sombre.

« Quand et où avez-vous vu pour la dernière fois John Balfour de Burley ? »

Le prisonnier, au lieu de répondre, leva les yeux au ciel, comme s’il implorait l’assistance divine, et murmura quelques

  1. C’est la réponse qui fut faite par James Mitchell lorsqu’on le soumit à la torture de la botte pour une tentative d’assassinat dirigée contre l’archevêque Sharpe.