Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/343

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de carnage, était maintenant paisible et unie comme la surface d’un lac pendant l’été. Les feuilles des arbres et des buissons qui, s’élevant çà et là, variaient si heureusement le paysage, s’agitaient à peine au souffle de la brise du soir. La Clyde semblait adoucir le murmure de ses eaux pour se mettre en harmonie avec cette scène calme et tranquille.

Le sentier par lequel descendait le voyageur était de distance en distance ombragé par de grands arbres, des haies, ou par des arbres fruitiers dont les branches étaient chargées de fruits.

Le premier objet qui s’offrit à sa vue était une ferme, peut-être l’habitation d’un petit propriétaire, située sur une colline exposée au soleil et couverte de pommiers et de poiriers. Au bout du sentier qui conduisait à cette modeste habitation était une chaumière qui ressemblait assez à la loge d’un concierge, quoique rien n’indiquât précisément que telle était sa destination. La chaumière, en bon état, paraissait plus proprement arrangée que ne le sont ordinairement les chaumières d’Écosse ; elle avait son petit jardin, où l’on apercevait quelques arbres à fruits, quelques buissons, et des plantes pour les usages culinaires : une vache et six moutons paissaient dans un enclos voisin ; devant la porte, le coq chantait, se pavanait, et appelait autour de lui sa famille. Un amas de broussailles et de tourbes proprement disposées annonçait qu’on avait pensé aux provisions pour le chauffage de l’hiver. Une légère colonne de fumée azurée qui sortait de la cheminée et s’élevait, au-dessus du toit de chaume, à travers les branches verdoyantes des arbres, annonçait que dans l’intérieur on s’occupait des préparatifs du repas du soir. Pour compléter ce tableau de la paix et du bonheur champêtre, une petite fille d’environ cinq ans s’occupait à puiser de l’eau avec une cruche, à une belle fontaine, transparente comme le cristal, qui sortait des racines d’un vieux chêne à vingt pas de la chaumière.

L’étranger arrêta son cheval, et appela la petite nymphe pour lui demander le chemin de Fairy-Knowe. L’enfant mit à terre sa cruche, comprenant à peine ce qu’on lui disait, rangea ses beaux cheveux blonds des deux côtés de son front, et ouvrant ses grands yeux bleus d’un air de surprise : « Que demandez-vous ? » dit-elle : ce qui est ordinairement la première réponse d’un paysan écossais à toute question qu’on lui adresse, si toutefois cela peut s’appeler une réponse.

« Je désire que vous m’indiquiez le chemin de Fairy-Knowe.