Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/393

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morale qu’on lui jette à la tête et… — Enfin, « dit Morton, pour mettre fin à une dissertation que la bonne vieille, entraînée par son enthousiasme religieux, aurait sans doute continuée longtemps encore… « enfin, vous n’aimez pas le nouveau gouvernement : Burley partage-t-il vos opinions ? — Plusieurs de nos frères, monsieur, croient que nous avons combattu, jeune, prié et souffert pour la grande ligue nationale du Covenant, et que désormais on oubliera nos souffrances, nos combats, nos jeûnes et nos prières. Ils ont pensé qu’il y aurait quelque avantage à ramener l’ancienne famille sur le trône, en faisant de nouvelles conditions ; car, après tout, quand Jacques fut chassé, j’ai entendu dire que la grande fureur des Anglais contre lui avait été excitée dans l’intérêt de sept prélats sacrilèges. Ainsi donc, bien que la plupart dos nôtres se soient rattachés à l’ordre de choses actuel, et qu’ils aient formé un régiment qui se tient prêt à marcher sous les ordres du comte d’Angus ; malgré cela, dis-je, notre digne ami, et d’autres chefs encore qui veulent la pureté de doctrines et la liberté de conscience, ont préféré s’entendre avec les jacobites plutôt que de se déclarer contre eux, craignant de tomber à terre comme un mur construit avec un mauvais ciment, ou comme celui qui s’assoit entre deux tabourets. — Ils ont pris un singulier moyen pour obtenir la liberté de conscience et arriver à la pureté de doctrines. — Mon cher monsieur, le soleil qui éclaire nos yeux se lève à l’orient ; mais le soleil qui éclaire l’esprit peut se lever au nord… pauvres mortels aveugles, nous ne devons pas l’ignorer. — Et Burley a été dans le nord chercher la lumière ? — Oui, monsieur, et il a vu Claverhouse lui-même, qu’on nomme aujourd’hui Dundee. — Comment ! » s’écria Morton : « j’aurais juré qu’une pareille rencontre coûterait nécessairement la vie à l’un des deux. — Non, non, monsieur ; dans les temps de troubles il se fait des changements soudains… Montgomery, Ferguson, et beaucoup d’autres qui étaient les plus grands ennemis du roi Jacques, sont aujourd’hui de son côté… Claverhouse a fait bon accueil à notre ami, et l’a envoyé se consulter avec lord Evandale ; mais alors la désunion a recommencé ; car lord Evandale n’a voulu ni le voir, ni l’entendre, ni lui parler. Depuis lors il est furieux, et sa fureur augmente chaque jour ; il rugit en jurant qu’il se vengera de lord Evandale, et ne parle que de brûler et de tuer. Oh ! les horribles accès de colère ! ils troublent son esprit, et donnent à l’ennemi de funestes avantages. — L’ennemi ! demanda Morton ; quel en-