Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/90

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une fourchette dans le vase de bouillon, et y pochant une côtelette de mouton ; « il me semble que je mangerais volontiers ce morceau, mais il est aussi dur que si la femme du diable l’avait couvé. — S’il y a quelque chose de meilleur dans la maison, monsieur ?… » dit Milnwood alarmé de ces marques de mécontentement. — Non, non, dit Bothwell, ce n’en est pas le temps, il faut nous occuper d’affaire. Vous suivez Poundtext, le prêtre presbytérien, monsieur Morton, à ce que j’ai entendu dire ? »

M. Morton se hâta de glisser en même temps un aveu et une apologie.

« Par l’indulgence de Sa gracieuse Majesté et celle du gouvernement ; car je ne ferai rien contre la loi. Je n’ai rien à objecter contre l’établissement d’un épiscopat modéré, sinon que je suis un homme élevé dans la campagne, que les sermons de nos ministres sont plus simples et plus faciles à comprendre ; enfin, sauf votre respect, monsieur, c’est un établissement moins coûteux pour le pays. — Bon, je ne prends pas garde à cela, dit Bothwell ; ils sont indulgents, et voilà tout : mais pour moi, si je devais dicter les lois, jamais un chien tondu de toute la même n’aboierait dans une chaire écossaise. Quoi qu’il en soit, je dois me soumettre aux commandements. Ah ! voici la liqueur ; versez, ma bonne vieille dame. »

Il versa presque la moitié d’une bouteille de claret dans une coupe de bois, et l’avala d’un seul coup.

« Vous faites injure à votre bon vin, mon ami, il est meilleur que votre eau-de-vie, quoiqu’elle soit fort bonne aussi. Voulez-vous vous joindre à moi pour boire à la santé du roi ? — Avec plaisir, dit Milnwood : ce sera avec de l’ale, car je ne bois jamais de claret, et je n’en ai qu’une très petite quantité pour quelques honorables amis. — Tels que moi, sans doute, » dit Bothwell ; et alors poussant la bouteille devant Henri, il dit : « Vous aussi, jeune homme : buvons à la santé du roi. »

Henri remplit modérément son verre sans prendre garde aux signes de son oncle et à la manière dont il le poussait, qui semblait indiquer qu’il devait suivre son exemple et boire de la bière de préférence au vin.

« Fort bien, dit Bothwell : avez-vous bu tous à cette santé ? Qui est cette vieille femme ? Donnez-lui un verre d’eau-de-vie, afin qu’elle boive à la santé du roi. — Si cela est agréable à Votre Honneur, » dit Cuddie avec un air niais, « c’est ma mère, monsieur, et