Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/21

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autres sujets parmi lesquels ils se trouvent placés, mais qui, si on les rassemblait, suffiraient pour jeter une lumière assez vive sur les habitudes domestiques de nos ancêtres. Je suis donc bien convaincu, dussé-je échouer moi-même dans mon entreprise, qu’avec plus de travail, de soin et d’habileté dans la réunion et le choix de ces matériaux, on arriverait à un résultat satisfaisant, surtout après les élucubrations du docteur Henry, de feu M. Strutt, et en particulier de M. Sharon Turner. Je proteste donc par avance contre tout argument fondé sur l’insuccès de mon entreprise.

D’une autre part, j’ai déjà dit que si quelque chose d’analogue à une peinture fidèle des anciennes mœurs anglaises était présenté à mes compatriotes, je leur connais trop de bon sens et de goût pour douter qu’elle ne reçût un accueil favorable.

Ayant ainsi répondu de mon mieux à la première série de vos objections, ou du moins ayant manifesté la résolution de franchir les barrières qu’avait élevées votre prudence, je dirai peu de mots sur ce qui me concerne en particulier. Il semblerait, suivant vous, que la véritable position d’un antiquaire livré à des recherches sérieuses et, comme dira le vulgaire, minutieuses et fatigantes, doive être considérée comme un motif d’incapacité pour écrire avec avantage une histoire de ce genre. Mais permettez-moi de vous le dire, mon cher docteur, cette objection est plus spécieuse que solide. Il est vrai que ces compositions frivoles ne conviendraient guère au génie plus sérieux de notre ami Oldbuck. Cependant Horace Walpole a écrit un conte de revenant qui a excité la surprise et l’effroi chez plus d’un lecteur, et George Ellis a su transporter tout le charme de son humeur, aussi enjouée que rare, dans son Abrégé des anciens romans poétiques ; de sorte que, si je dois avoir occasion de regretter mon audace actuelle, j’ai en ma faveur les précédents les plus honorables.

Néanmoins, l’antiquaire plus sévère peut penser que ce mélange de la fiction et de la vérité a pour effet de corrompre la source de l’histoire par de modernes inventions, et de transmettre à la génération nouvelle des idées fausses sur le siècle que je décris. Je ne puis qu’admettre en un sens la force de ce raisonnement, que j’espère toutefois combattre et écarter par les considérations suivantes.

Sans doute je ne saurais ni ne veux prétendre à une observation exacte et complète, même en ce qui a rapport au costume extérieur, et encore moins sur les points plus importants du langage et