Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/347

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du cor de manière à faire trembler le feuillage de tous les chênes de la forêt. Allons, mes amis, traitez-moi favorablement.

— Qu’on lui donne un cor, dit Locksley : il font qu’il nous prouve ce qu’il avance. »

Le prieur sonna une fanfare ; mais le capitaine lui dit en secouant la tête :

« Sire prieur, ce n’est pas là ce qui paiera ta rançon ; et, comme le dit la devise du bouclier de certain chevalier, t’accorder la liberté pour une bouffée de vent, ce serait la donner à trop bon marché. D’ailleurs, je le vois, tu es un de ces novateurs qui, au moyen des ornements et des tra la lira fraîchement importés du continent, dénaturent les anciens airs de chasse anglais. Prieur, la dernière partie de ta fanfare a augmenté de cinquante couronnes le prix de ta rançon, pour s’être éloignée des anciens airs graves et mâles de la vénerie anglaise.

— Ami, » dit l’abbé d’un ton de mauvaise humeur, « tu es difficile à contenter ; mais j’espère que tu seras plus raisonnable sur l’article de la rançon. En un mot, puisqu’enfin il faut que je brûle un cierge en l’honneur du diable, quelle rançon faut-il que je paie pour avoir la liberté de partir sans avoir cinquante de vos archers à mes trousses ?

— Si nous faisions fixer la rançon du Juif par le prieur, et celle du prieur par le Juif ? » dit le lieutenant de la troupe à l’oreille du capitaine ; « qu’en pensez-vous ?

— Tu as là une singulière idée, lui répondit Locksley : mais elle est bonne… Holà ! Juif, approche… » Isaac s’avança. « Regarde ce révérend père Aymer, prieur de la riche abbaye de Jorvaulx, et dis-nous quelle rançon nous pouvons lui demander. Tu connais les revenus du couvent, je gage.

— Oh ! assurément, dit Isaac ; j’ai fait plus d’une affaire avec les bons pères, et j’ai acheté d’eux du blé, de l’orge, ainsi que de bons ballots de laine. Oh ! c’est une abbaye riche ; et ils font bonne chère et boivent les meilleurs vins, ces bons pères de Jorvaulx. Ah ! si un malheureux proscrit comme moi avait une semblable retraite et des revenus tels que les leurs à l’année et au mois, je donnerais une bonne quantité d’or et d’argent pour sortir de captivité.

— Chien de juif ! s’écria le prieur, personne ne sait mieux que toi que notre sainte maison est endettée pour les frais de réparation de notre chœur…

— Et pour avoir rempli vos celliers des meilleurs vins de Gas-