Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout en laissant croire que le propriétaire était un homme riche, différait entièrement de ces grands châteaux flanqués de tours dans lesquels se tenait la noblesse normande, et qui étaient devenus le type universel d’architecture en Angleterre.

Cependant Rotherwood n’était pas sans quelques fortifications ; aucune habitation, dans cette période de désordre, n’aurait pu subsister sans cela ; elle eût couru le risque d’être pillée et bridée de la veille au lendemain. Un fossé profond, qu’une source voisine remplissait d’eau, entourait l’édifice ; une double palissade formée de pieux pointus, tirés de la forêt voisine, en défendait les bords. Il y avait du côté de l’ouest une entrée dans la palissade qui communiquait à un pont-levis, avec une semblable ouverture dans la partie inférieure des fortifications. Que de précautions avaient été prises pour mettre ces deux entrées sous la protection des archers et des frondeurs, vers les angles saillants ! Avant d’y pénétrer, le templier sonna fortement du cor, car la pluie qui menaçait depuis longtemps nos voyageurs fatigués commençait alors à tomber par torrents.


CHAPITRE III.


Alors, triste consolation ! de cette côte aride et froide qui entend mugir la mer du Nord, vint le Saxon robuste, au teint vermeil, aux cheveux blonds et aux yeux bleus.
Trad. de Thompson.


Au milieu d’une salle d’une modique élévation, mais d’une longueur et d’une largeur démesurées, on remarquait une grande table en chêne formée de planches grossièrement travaillées, ayant à peine reçu quelque poli, et provenant d’arbres abattus dans la forêt. Sur cette table, un repas du soir avait été préparé pour Cedric le Saxon. Le tout était composé de poutres et de solives ; rien ne séparait l’appartement du sommet, si ce n’est un assemblage de planches et de chaume. Aux deux extrémités de la salle se trouvaient deux vastes foyers ; mais comme les cheminées avaient été grossièrement construites, il s’échappait au moins autant de fumée par la chambre qu’il en sortait par le conduit naturel. La vapeur con-