Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/49

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suis un soldat, franc, sans détours, et peu accoutumé à tourner des compliments. J’ajouterai que j’aimerais assez à marcher de front avec vous en tête de la colonne, c’est-à-dire à voir mon nom avec le vôtre sur le frontispice du livre.

J’ai l’honneur d’être,

Votre très-humble et inconnu serviteur,
Monsieur,
Cuthbert Clutterbuck.

Du village de Kennaquhair, le… avril 18…

Pour l’auteur de Waverley, etc., aux soins de M. Jolin Ballantyne Hanover Street. Édimbourg.


RÉPONSE.


DE L’AUTEUR DE WAVERLEY


AU CAPITAINE CLUTTERBUCK.


Mon cher capitaine,


Ne soyez pas surpris que, malgré le ton de réserve et de cérémonie de votre lettre, j’y réponde sur celui de la familiarité. Le fait est que votre origine et votre patrie me sont mieux connues qu’à vous-même. Ou je me trompe fort, ou votre respectable famille vient du pays qu’a procuré autant de plaisir que de profit à ceux qui l’ont exploité avec succès. Je veux parler de cette portion de la terre inconnue que l’on nomme la province d’Utopie. Bien des gens (de ceux mêmes qui ne se font aucun scrupule de prendre du thé et du tabac) critiquent et dédaignent les productions de cette contrée comme étant des objets frivoles et d’une consistance purement imaginaire ; et néanmoins, comme tant d’autres articles de luxe, ces denrées sont assez généralement recherchées : elles procurent des jouissances secrètes même aux hommes qui en public témoignent pour elles le mépris le plus grand et l’aversion la plus prononcée. L’ivrogne le plus achevé[1] est souvent le premier à se montrer choqué l’odeur des liqueurs

  1. Dram-Drinker, le buveur de petits-verres, le buveur d’eau-de-vie. a. m.