Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/105

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chambre, avait demané une plume, de l’encre et du papier, et annoncé qu’il voulait être seul pendant le reste de la journée. Le soir cependant il reparut dans la salle commune, où Michel Lambourne, qui l’avait surveillé, suivant l’engagement qu’il en avait pris vis-à-vis de son vieil ami Foster, chercha à renouer connaissance avec lui, en lui disant qu’il espérait qu’il ne lui avait pas gardé de rancune pour la part qu’il avait prise à la querelle du matin.

Mais Tressilian repoussa fermement ses avances, quoique avec civilité : « Monsieur Lambourne, dit-il, je crois vous avoir suffisamment récompensé du temps que vous avez perdu pour moi. Sons votre écorce grossière vous avez, j’en suis certain, assez de bon sens pour me comprendre quand je vous dis que, l’objet de notre connaissance momentanée étant rempli, nous devons désormais être étrangers l’un à l’autre.

Voto à Dios ! » s’écria Lambourne en relevant sa moustache d’une main, et saisissant de l’autre la poignée de son sabre ; « si je croyais que vous eussiez l’intention de m’insulter…

— Vous auriez la discrétion de le supporter, comme c’est votre devoir dans tous les cas. Vous connaissez trop bien la distance qu’il y a entre vous et moi, pour me demander un plus ample commentaire. Bonsoir. »

À ces mots, il tourna le dos à son ancien compagnon et se mit à faire la conversation avec l’aubergiste. Michel Lambourne se sentait fortement disposé à faire le rodomont ; mais sa colère s’exhala en jurons et en exclamations entrecoupées, et il ne put résister à l’ascendant qu’un esprit supérieur exerce toujours sur les gens de sa classe et de son espèce. Dans sa mauvaise humeur il se retira en un coin de la salle où il demeura silencieux, mais de là il faisait attention au moindre mouvement de son ancien compagnon, contre lequel il commençait à nourrir, pour son propre compte, des projets de vengeance qu’il espérait accomplir en exécutant les ordres de Varney. L’heure du souper arriva, et bientôt après celle du coucher ; Tressilian alors, comme tout le reste de la compagnie, se retira pour se mettre au lit.

Il y avait peu de temps qu’il était au lit, quand tout-à-coup, les tristes réflexions qui dominaient son esprit et en éloignaient le repos, furent interrompues dans leur cours par le bruit d’une porte tournant sur ses gonds, et par la vue d’un rayon de lumière qui pénétrait dans son appartement. Tressilian, qui était brave comme