Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/28

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salutations avec lui et avoir bu à la santé de leur nouveau convive, continuèrent la conversation que leur arrivée avait interrompue, en l’assaisonnant de maintes rasades.




CHAPITRE II.

L’ORGIE.


Parlez-vous du jeune Lancelot ?
Shakspeare.. Le Marchand de Venise.


Après une courte pause, maître Goldthred, cédant aux instances de l’hôte, appuyées de celles de ses joyeux convives, régala la compagnie de la chanson suivante :

De tous les oiseaux du bocage
Ou bien des épineux buissons,
Le hibou seul a mon hommage ;
C’est un modèle sans partage
Pour tous les buveurs francs lurons.
Sitôt que le soleil s’efface
Et va s’unir à l’Océan,
Le hibou prenant son élan,
Sur le haut d’un arbre se place
Afin de huer sa chanson,
Dont il se moque sans façon.
Ainsi, malgré l’heure avancée,
Et l’orage utile au filou,
Et l’ombre encor plus amassée,
Buvons à la santé versée
Du joli, du joli hibou.

L’alouette vive et légère,
À nos yeux oiseau trop vulgaire,
Dort en son nid jusqu’au matin.
Vive le hibou solitaire,
Qui toute la nuit sans se taire
Souffle en sa corne un gai refrain.
Levons donc, mes chers camarades,
Le coude jusqu’à divaguer ;
Humectons-nous de cent rasades,
Chantons jusqu’à nous fatiguer :
Enfin, malgré l’heure avancée,
Et l’orage utile au filou,