Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/369

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— Un tout unique… inexprimable. Mais, morbleu, va-t’en, pour l’amour du ciel ! »

Tressilian, sans plus de résistance, suivit Blount, ou plutôt se laissa conduire par lui dans la chambre de Raleigh, où il fut dans toutes les formes couché sur un petit lit de sangle placé dans un cabinet et destiné à un domestique. Il vit trop clairement qu’aucune remontrance ne lui servirait de rien avec ses amis, et que le laps de temps pendant lequel il s’était engâgé à rester dans l’inaction étant expiré, il ne lui serait pas permis de leur expliquer toutes les circonstances de cette affaire, à moins qu’Amy, ayant trouvé moyen d’amener une réconciliation entre elle et son mari, il ne se trouvât désormais sans excuse ou sans intérêt pour se mêler plus long-temps de son sort.

Ce fut avec la plus grande peine et au moyen des représentations les plus douces et les plus patientes envers Blount, qu’il échappa à l’humiliation d’avoir deux des plus vigoureux gardes de Sussex en faction dans son appartement.

À la fin cependant, lorsque Nicolas l’eut vu déposé sur son lit de camp, et qu’il eut donné quelques coups de pied et autant de malédictions à ces bottes malencontreuses, que, dans son nouveau goût pour la toilette, il regardait comme un symptôme évident, sinon comme la cause de la maladie de son ami, il se contenta de la simple précaution d’enfermer à clef l’infortuné Tressilian, dont les efforts généreux et désintéressés pour sauver une femme qui ne l’avait traité qu’avec mépris, n’avaient eu encore d’autre résultat que de lui attirer le mécontentement de sa souveraine, et de convaincre ses amis qu’il s’en fallait de bien peu qu’il ne fût fou.