Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/200

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Lord Glenvarloch lui exprima le plaisir que lui faisait cette réconciliation : « Il lui avait été bien pénible, ajouta-t-il, de penser que maître Heriot, pour prix des services qu’il lui avait rendus, se serait attiré la malveillance d’un favori si puissant, et aurait même été exposé à ses mauvais offices. — Milord, répondit maître Heriot, je me serais senti capable de risquer beaucoup pour le fils de votre père ; et cependant, ou je me connais mal, ou j’en aurais fait autant, et me serais exposé de la même manière pour le seul amour de la justice, quand il aurait été question d’une personne qui m’eût inspiré moins d’intérêt. Mais comme nous ne nous reverrons pas de quelque temps, je dois abandonner à votre prudence le soin de conduire à bien cette affaire. »

Là-dessus ils se dirent adieu, et se séparèrent avec des marques d’amitié mutuelles.

Il y eut dans la situation de lord Glenvarloch d’autres changements qu’il est bon de faire connaître. Ses nouvelles occupations et les habitudes de dissipation qu’il avait prises lui firent bientôt trouver un grand inconvénient à loger si loin du centre de ses plaisirs. Peut-être aussi commençait-il à devenir honteux de sa cabane sur le quai Saint-Paul, et désirait-il avoir un appartement un peu plus conforme à son rang. Dans ce dessein, il loua un petit logement auprès du Temple. Cependant il fut presque fâché de l’avoir fait quand il vit que son déménagement paraissait beaucoup chagriner son hôte John Christie, et surtout sa prévoyante et officieuse hôtesse. Le mari, qui mettait de la gravité dans tout ce qu’il faisait, et qui n’était pas un grand parleur, se contenta de dire qu’il espérait que lord Glenvarloch n’avait pas eu à se plaindre d’eux, et que, s’il les quittait, ce ne pouvait être par suite d’aucune négligence ou manque de soin de leur part. Mais les larmes roulaient dans les yeux de dame Nelly pendant qu’elle rappelait les divers embellissements et changements qu’elle avait faits dans l’appartement pour le rendre plus agréable et plus commode à Sa Seigneurie.

« Il y avait une grande caisse d’embarcation, dit-elle, que j’ai fait porter dans le grenier du garçon de boutique, quoiqu’elle ne laissât plus au pauvre diable qu’un passage de dix-huit pouces tout au plus pour aller à son lit, et Dieu sait, car en vérité je l’ignore, si on pourra la redescendre par ce petit escalier étroit. Puis j’avais fait faire une alcôve du cabinet, ce qui nous a coûté vingt bons schellings ; et pour tout autre locataire que Sa Sei-