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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/89

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partenant à la noblesse, ayant par derrière des jardins qui allaient jusqu’à la rivière, et au bout desquels se trouvait un petit escalier qui conduisait au bord de l’eau, et offrait la facilité de prendre un bateau quand on en avait besoin. La plupart de ces maisons ont légué les noms de leurs nobles propriétaires aux rues qui descendent du Strand à la Tamise. Le côté nord du Strand était aussi bordé d’une longue ligne de maisons, derrière lesquelles, comme dans Saint-Martin-Lane et sur d’autres points, s’élevaient rapidement des bâtiments ; mais Covent-Garden, d’accord avec sa dénomination, était encore un jardin, où cependant l’on commençait à voir çà et là quelques constructions irrégulières. Tout ce que l’on apercevait indiquait de tous côtés l’agrandissement rapide d’une capitale qui jouissait depuis long-temps d’un état de paix et de prospérité sous un gouvernement régulier. Des maisons s’élevaient de toutes parts, et l’œil pénétrant de notre citadin découvrait déjà l’époque peu éloignée qui convertirait la grande route, presque découverte, qu’il parcourait, en une rue régulière et bien bâtie, destinée à joindre la ville et la cour à la Cité de Londres.

Il traversa ensuite Charing-Cross, qui déjà n’était plus ce village agréable et solitaire où les juges avaient coutume de déjeuner quand ils se rendaient à Westminster : on pouvait dès-lors le comparer, suivant l’expression de Johnson, à l’artère par où s’écoulent les flots de la population de Londres. Les bâtiments s’y multipliaient avec rapidité, et cependant ils pouvaient à peine donner une idée de ce que devait être un jour ce quartier.

Enfin White-Hall reçut notre voyageur : il passa sous une des belles portes dont on doit le plan à Holbein, et qui sont construites en brique, de manière à former une espèce de mosaïque. C’étaient ces mêmes portes que Moniplies, par une comparaison profane, avait mises en parallèle avec le West-Port d’Édimbourg. Notre bourgeois entra ensuite dans la vaste enceinte du palais de White-Hall, alors livré à toute la confusion, suite ordinaire des travaux et des embellissements des architectes. C’était précisément l’époque où Jacques, qui ne prévoyait guère qu’il faisait bâtir un palais par une fenêtre duquel son fils unique devait passer un jour pour monter à l’échafaud, s’occupait à démolir les anciens bâtiments de Deburgh, ruinés sous Henri VIII et Élisabeth, pour faire place à la superbe architecture dans laquelle Inigo Jonee déploya tout son génie. Le roi, ignorant l’avenir, pressait lui-même ces travaux ; et dans ce but, il avait conservé ses ap-