Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/290

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l’ouvrir. Dédaignant le danger auquel il s’exposait, il s’élança contre cette porte de toute sa force et de tout le poids de son corps, et telle fut la violence d’un effort suggéré par l’espérance et par le désespoir qu’une fermeture plus solide n’aurait pu y résister.

Ce fut ainsi qu’il entra, la tête en avant, dans un petit oratoire où une femme, plongée dans les angoisses de la terreur, était agenouillée devant une sainte image à laquelle elle offrait ses ferventes prières. Une nouvelle terreur la saisit à ce nouveau bruit, et elle tomba évanouie sur le plancher. Quentin se précipite, se hâte de la relever. Ô bonheur ! c’est celle qu’il a voulu sauver, c’est la comtesse Isabelle ! Il la presse contre son cœur, la conjure de revenir à elle et de reprendre courage ; car elle est maintenant sous la protection d’un homme dont le cœur et le bras suffiraient pour la défendre contre une armée entière.

— « Durward, » dit-elle enfin en recouvrant ses esprits, « est-ce bien vous ? il me reste donc encore quelque espoir ! Je croyais que tous mes amis, que le monde entier m’avait abandonnée à mon malheureux destin. Ah ! ne me quittez plus. — Jamais ! jamais ! s’écria Durward, quoi qu’il puisse arriver, quelque danger qui se présente : puisse cette sainte image me retirer sa divine protection, si je ne partage votre destin jusqu’à ce qu’il soit plus heureux ! — Très-pathétique, très-touchant, en vérité ! » dit derrière eux une voix étouffée et asthmatique ; « c’est une affaire d’amour, à ce que je vois. Sur mon honneur, cette douce créature ne me touche pas moins de pitié que si c’était ma chère Trudchen elle-même. — C’est plus que de la pitié que je réclame pour cette dame, meinheer Pavillon, » dit Quentin en se tournant vers lui ; « accordez-lui secours et protection. Apprenez qu’elle a été confiée à ma garde d’une manière toute particulière par votre allié le roi de France ; si donc vous ne m’aidez pas à la garantir de toute espèce d’insulte et de violence, votre cité perdra la faveur de Louis de Valois. Il faut surtout empêcher qu’elle ne tombe au pouvoir de Guillaume de la Marck. — Cela sera difficile, répondit Pavillon, car ces coquins de lansquenets sont de vrais démons pour dénicher les jolies filles : mais je ferai de mon mieux. Passons dans l’autre appartement, et là je songerai… L’escalier est étroit ; et vous pourrez garder la porte avec votre pique, tandis que, placé à la fenêtre, je tâcherai de réunir quelques-uns des braves garçons de la corporation des corroyeurs de Liège : ils