Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/376

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bours et des trompettes, qui appelaient les soldats de toutes parts.

— « Nous sommes sujets de la Bourgogne, » dit Crèvecœur qui remplissait auprès de son maître les fonctions de maréchal du palais, « et nous ferons notre devoir comme tels. Nos espérances, nos prières, nos efforts, seront employés à ramener la paix et l’union entre Votre Majesté et notre maître. En attendant, nous devons nous conformer à ses ordres. Ces seigneurs et ces chevaliers se feront un honneur de contribuer de leur mieux à rendre moins désagréable à l’illustre duc d’Orléans, au brave Dunois et au vaillant lord Crawford leur changement de logis. Quant à moi, Sire, je dois être le chambellan de Votre Majesté, et vous conduire dans un appartement tout autre que je ne le désirerais, car je n’ai pas perdu le souvenir de l’hospitalité que j’ai reçue au Plessis. Vous n’avez qu’à désigner les personnes qui doivent composer votre suite, et que les ordres du duc limitent à six. — Eh bien ! » dit le roi en regardant autour de lui, et après un moment de réflexion, « je désire avoir auprès de moi, Olivier le Dain ; un archer de ma garde écossaise, nommé le Balafré ; Tristan l’Ermite avec deux de ses gens, et mon très-loyal et fidèle philosophe Martius Galeotti. — La volonté de Votre Majesté sera exécutée en tous points, dit le comte de Crèvecœur. Galeotti, » ajouta-t-il après avoir pris quelques renseignements, « est, à ce que j’apprends, à souper ce soir en joyeuse compagnie ; mais on va l’envoyer chercher. À l’instant même, les autres se rendront aux ordres de Votre Majesté. — Rendons-nous donc dans le nouveau logement que nous assigne l’hospitalité de notre cousin, dit le roi. Nous savons que la tour est forte, et nous espérons qu’elle sera également sûre. — Avez-vous entendu le nom de ceux dont le roi Louis a fait choix pour composer sa suite ? » demanda tout bas le Glorieux au comte de Crèvecœur en suivant Louis qui sortait de la salle. — Assurément, mon joyeux compère, répondit le comte. Eh bien ! que trouves-tu à dire là-dessus. — Oh ! rien, rien ; à cela près que c’est une collection assez singulière. Un entremetteur, un infâme paillard de barbier[1], un coupe-jarrets écossais à gages, un bourreau en titre avec ses deux valets, et un fripon de charlatan. Je veux aller avec vous, Crèvecœur, afin de prendre mes degrés en coquinerie en les observant pendant que vous les conduirez. Le diable lui-même aurait eu peine à con-

  1. Pandarly. Voyez dans la pièce de Troilus and Cressida, de Shakspeare, le rôle de Pandarus. La vraie traduction de Pandarly barber est maq… de barbier. a. m.