Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/392

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une vis, et tout ce qu’il faut pour la fixer solidement, dans le cas où nous nous trouverions dans les lieux où les arbres seraient rares ou ayant leurs branches à une trop grande distance de la terre. C’est une bonne et sage précaution. — Eh bien ! voilà notre affaire, reprit le grand prévôt ; vous n’avez qu’à attacher votre poulie dans cette poutre qui est au-dessus de la porte, ensuite vous y passerez la corde. J’amuserai le drôle par quelques menus propos lorsqu’il sortira de la chambre du roi, et pendant ce temps-là vous lui jetterez adroitement le nœud coulant sous le menton, et puis… — Et puis nous tirerons la corde, dit Petit-André, et tchick !… notre astrologue se rapprochera du ciel, car ses pieds quitteront la terre. — Mais, reprit Trois-Échelles, ces messieurs ne nous aideront-ils pas, ne fût-ce que pour faire un petit apprentissage dans notre profession ? — Non, non ! répondit Tristan ; le barbier est excellent pour imaginer le mal, mais il laisse aux autres le soin de l’exécuter. Quant à l’Écossais, il gardera la porte pendant que nous serons occupés d’une opération à laquelle son manque de dextérité et de courage ne lui permettra pas de prendre une part plus active. Chacun son métier. »

Avec une activité et une sorte de plaisir qui leur faisaient presque oublier la situation précaire dans laquelle ils se trouvaient eux-mêmes, les dignes exécuteurs des ordres du grand prévôt préparèrent leur corde et leur poulie de manière à mettre à exécution la sentence prononcée contre Galeotti par le monarque captif, chacun d’eux paraissant se féliciter que sa dernière action se trouvât en telle conformité avec toutes celles de sa vie passée. Tristan l’Ermite, assis à quelques pas, regardait leurs apprêts avec une sorte de satisfaction, tandis qu’Olivier ne paraissait faire aucune attention à eux ; et si Ludovic Lesly fut éveillé par le bruit qu’occasionnaient ces préparatifs, il ne les regarda que pour se convaincre que les trois amis s’occupaient d’affaires entièrement étrangères à ses devoirs et dont on ne pouvait en aucune manière le considérer comme responsable.