Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/64

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d’arriver à la seconde, trajet pendant lequel un ennemi eût été exposé aux traits lancés des deux côtés. De même, après avoir franchi la seconde barrière, il fallait de nouveau dévier de la ligne droite pour parvenir à la porte de la troisième et dernière enceinte ; de sorte que, avant de gagner la cour au milieu de laquelle régnait la longue façade du bâtiment, il fallait traverser deux défilés étroits et dangereux, exposés à des décharges d’artillerie sur l’un et l’autre flanc, et forcer successivement trois portes défendues de la manière la plus formidable.

Venant d’un pays également désolé par une guerre étrangère et par les divisions intestines, pays dont la surface inégale et montagneuse, entrecoupée de précipices et de torrents, offre un si grand nombre de situations fortifiées, le jeune Durward connaissait assez bien les moyens extrêmement variés par lesquels les hommes, dans ce siècle barbare, cherchaient à protéger leurs habitations ; mais il avoua franchement à son compagnon qu’il ne se serait pas imaginé que l’art pût s’élever à un tel degré dans un lieu où la nature le secondait si peu ; car le château, comme nous l’avons déjà donné à entendre, n’était situé que sur une éminence peu élevée, à laquelle on arrivait par une pente fort douce depuis l’endroit où ils s’étaient arrêtés.

Pour augmenter la surprise de Durward, son compagnon lui dit que les environs du château, à l’exception du sentier tournant par lequel on pouvait sans danger s’approcher de la porte, étaient, comme les halliers qu’ils venaient de traverser, parsemés de fossés, de pièges de toute espèce, dans lesquels tomberait quiconque aurait le malheur de s’y aventurer sans guide ; que l’on avait placé sur les murailles, des guérites en fer, d’une forme particulière, appelées nids d’hirondelles, d’où les sentinelles, qui y étaient régulièrement postées, pouvaient tirer à coup sûr sur quiconque oserait tenter d’entrer sans faire le signal ou sans donner le mot d’ordre, convenu chaque jour ; enfin, que les archers de la garde royale faisaient nuit et jour ce service, pour lequel ils recevaient du roi Louis une haute paie, de riches habillements, en un mot, honneur et profit. « Et maintenant, jeune homme, continua-t-il, dites-moi si vous avez jamais vu un château aussi fort, et si vous pensez qu’il y ait des gens assez hardis pour tenter de le prendre d’assaut. »

Durward tenait depuis long-temps les yeux sur cette forteresse, dont la vue l’intéressait tellement que, dans l’ardeur de la curio-