Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/251

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rempli tout entier votre devoir envers le roi Georges et le gouvernement. »

Le ton froid et ironique avec lequel il fit cette déclaration, son air et son attitude, qui exprimaient si noblement sa confiance absolue dans sa force et son énergie supérieures, parurent compléter l’indécision qui s’était déjà montrée du côté de ceux auxquels il s’adressait.

Le juge regardait le greffier, — le greffier regardait le juge ; le premier lâchait des hé ! et des ha ! sans prononcer une seule syllabe intelligible ; le second se contenta de dire : « Puisque le mandat est détruit, M. le juge, je présume que vous n’avez pas l’intention de vouloir exécuter l’arrêt.

— Hum ! — oui, ma foi ! non, — Nicolas, — la chose ne serait pas trop prudente ; — et comme l’affaire de 1745 est une vieille affaire, et — hem ! comme mon ami que voilà, je l’espère, verra son erreur, — s’il ne l’a point déjà vue, — et renoncera au pape, au diable et au Prétendant, — je n’ai pas l’intention de vous offenser, voisin, — je crois que nous ferons bien, — attendu que nous n’avons ni posse, ni constables, — de demander nos chevaux, — et, en un mot, de fermer les yeux sur cette affaire.

— Judicieusement résolu ! » dit le personnage que cette décision intéressait ; » mais avant que vous partiez, je compte que vous boirez un coup, pour nous séparer en amis.

— Ma foi ! » répliqua le juge en s’essuyant le front, « notre affaire a été, — hem ! passablement chaude.

— Cristal Nixon, dit M. Herries, apportez tout de suite un bol assez large pour étancher la soif de tous les juges de paix du comté ; et servez frais !

— Pendant que Cristal accomplissait cet ordre libéral, il y eut un intervalle de silence dont je voulus profiter pour amener la conversation sur mes propres affaires. « Monsieur, dis-je au juge Foxley, la discussion que vous venez d’avoir avec M. Herries ne me touche pas directement, hormis un seul point : — c’est que vous me laissez, moi loyal sujet du roi Georges, et malgré mes réclamations, prisonnier entre les mains d’un individu que vous avez raison de supposer contraire à la cause du roi. Je vous représente humblement que vous manquez ainsi à votre devoir comme magistrat, que vous devriez avertir M. Herries de l’illégalité de sa conduite, et faire des démarches pour ma mise en li-