Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/356

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ments, et Nanty, plus touché de compassion pour son état qu’on aurait pu l’attendre d’un homme qui menait un tel genre de vie, s’efforçait de le distraire et de le consoler en lui donnant quelques détails sur l’endroit où on le conduisait. — Ses paroles de consolation étaient néanmoins souvent interrompues par la nécessité où il se trouvait de parler à ses gens ; et souvent encore sa voix se perdait au milieu du bruit que produisaient les barils, et le tintement des chaînes et des anneaux qui les suspendent ordinairement en pareille occasion.

« Et voyez-vous, camarade, vous serez en lieu sûr à Fairladies ; — c’est une bonne vieille maison d’asile : — les maîtresses sont d’assez bonnes vieilles filles aussi, sauf qu’elles sont papistes. — Ohé ! dites-donc, Jack Lowther, gardez donc mieux la file, et finissez votre babillage, maudit fils de… ! — Nées d’une bonne famille, assez riches aussi, ces vieilles filles sont devenues des espèces de saintes, de nonnes, vous comprenez ? L’endroit où elles demeurent était il y a bien long-temps une sorte de boutique de nonnes, comme il en existe encore en Flandre : aussi les appelle-t-on les Vestales de Fairladies. — Le nom peut être mérité et ne pas l’être ; et je m’inquiète peu s’il l’est ou s’il ne l’est pas. — Blinkinsop, retenez votre langue, et allez au diable ! — Aussi, grâce à d’abondantes aumônes et à de bons dîners, sont-elles bien regardées par les riches et les pauvres, et l’on ferme les yeux sur leurs relations avec les papistes. Il y a une multitude de prêtres, de jeunes et robustes étudiants, et de gens semblables dans la maison, — c’en est une ruche, quoi ! C’est pourquoi honte, honte au gouvernement qui envoie des dragons aux trousses de quelques honnêtes gaillards qui amènent une goutte d’eau-de-vie aux vieilles femmes d’Angleterre, quand il souffre qu’on fasse ainsi la contrebande du papisme et de… Mais écoutez ! — n’a-t-on pas sifflé ? — Non, c’est seulement un pluvier. Vous, Jem Collier, allez à la découverte, nous les rencontrerons sur la hauteur de Whins, ou dans le bas de Brotthole, ou nulle part ; allez un peu à la découverte, vous dis-je, et ouvrez bien les yeux. — Ces miss Arthuret nourrissent ceux qui ont faim, couvrent ceux qui sont nus, et se recommandent par une foule de pareilles actions. Mon père avait coutume de dire que les vêtements qu’elles donnaient ressemblaient à de vieux haillons, mais en attendant il les portait tout comme un autre. — Le maudit cheval qui bronche ! Père