Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/449

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Fairford ni le vieux quaker. Au diable tous les mandats vrais ou faux ! — maudits soient les juges de paix ! — confondus soient les constables ! — Et voici en ce lieu le petit Nanty Ewart prêt à montrer qu’il parle sérieusement contre nobles et vilains, en dépit des fers à cheval et des renforts ! »

Le cri de « Au diable tous les mandats ! » était populaire parmi la milice du cabaret, dont Nanty Ewart était le favori. Pêcheurs, garçons d’écurie, marins, contrebandiers, commencèrent à s’ameuter devant la porte. Les gens de la suite de Redgauntlet couraient à leurs armes à feu ; mais leur maître leur cria de se tenir tranquilles ; et, dégainant son sabre avec la promptitude d’un éclair, il se précipita sur Ewart au milieu de sa bravade, et fit sauter avec une telle force, hors de ses mains, l’arme qu’il brandissait, qu’elle alla tomber à trois ou quatre pas de lui. S’approchant alors de son adversaire, il le renversa rudement, et fit tourner son sabre au-dessus de sa tête, pour montrer qu’il était absolument à sa merci.

« Voyons, méchant vagabond, misérable ivrogne, dit-il, je vous donne la vie. — Vous n’êtes pas mauvais diable, quand vous n’aboyez pas trop fort au milieu de vos amis. — Mais nous connaissons tous Nanty Ewart, » dit-il à la foule qui l’entourait, avec un sourire de pardon qui, joint à la terreur que sa prouesse avait inspirée, assura à Redgauntlet les dispositions chancelantes de ces hommes mobiles.

« Vive le laird ! » s’écrièrent-ils, tandis que le pauvre Nanty, se relevant de terre où il avait été si rudement étendu, allait chercher son sabre, le ramassait, l’essuyait, et, tout en replaçant son arme dans le fourreau, murmurait entre ses dents : « Ce qu’on dit sur son compte est bien vrai, et le diable sera son ami jusqu’à ce que son heure arrive : — on ne m’y reprendra plus. » En parlant ainsi il fendit la foule, et se retira, honteux et confus de sa défaite.

« Quant à toi, Josué Geddes, » dit Redgauntlet en s’approchant du quaker, qui, les mains jointes et les yeux levés au ciel, était resté spectateur d’une pareille scène de violence, « je prendrai la liberté de t’arrêter comme perturbateur de la paix publique, chose qui ne convient guère à tes prétendus principes. Je crois que tu te seras attiré là une mauvaise affàire, d’abord devant la cour de justice, et ensuite dans la société des amis, comme ils s’appellent ; car ils ne seront pas trop réjouis de voir leur hypo-