Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/97

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« Ceux-ci, » dit-elle en me montrant la plus petite bibliothèque, te feront du bien si tu veux employer ton temps à les lire ; et ceux-là, » continua-t-elle en se tournant vers la plus grande, peuvent, je crois, te faire peu de mal. Certaines personnes de notre secte pensent, il est vrai, que tout écrivain qui n’est pas avec nous est contre nous ; mais mon frère Josué est modéré dans ses opinions, et sur ce chgapitre il est d’accord avec notre ami John Scott d’Amwell, qui a composé des vers fort goûtés même par le monde. — Je te souhaite toute sorte de plaisirs jusqu’à ce que la famille se rassemble à l’heure du dîner. »

Laissé seul, j’examinai les deux bibliothèques. La première ne se composait absolument que de livres religieux et de traités de controverse, et la seconde renfermait une collection d’histoires et d’ouvrages moraux, en prose et en vers.

Ni l’une ni l’autre ne me permettant beaucoup d’amusement, vous avez, dans ces pages bien remplies, le fruit de mon ennui ; et en vérité, je pense qu’écrire l’histoire, quand on en est soi-même le héros, est chose toujours aussi amusante que lire celle de pays étrangers.

Sam, plutôt ivre qu’à jeun, est arrivé à temps avec mon portemanteau, et m’a mis à même de faire une toilette plus convenable pour ce temple de la propreté et du décorum, où, pour terminer ma lettre, je vous dirai que je crois séjourner plus d’un jour.

P. S. J’ai remarqué votre aventure, comme vous, jeunes gens toujours retenus dans la maison paternelle, l’appelleriez peut-être : je veux parler de la visite de votre puissant laird. Nous autres voyageurs nous regardons un tel incident comme de peu d’importance, quoiqu’il puisse servir à égayer la vie uniforme de Brown-Square. Mais n’êtes-vous pas honteux de vouloir intéresser par un si triste récit une personne qui voit le monde en grand, et qui étudie la nature humaine sur une haute échelle ? Ma foi ! de quoi s’agit-il en résumé ? d’un laird tory qui dîne avec un procureur whig ? Événement fort ordinaire, d’autant mieux que vous déclarez que M. Herries a perdu sa propriété, quoiqu’il en possède encore le titre. — Le laird se comporte avec hauteur et impertinence. — Rien là de bien étonnant : il n’a pas été jeté du haut en bas de l’escalier, comme il aurait du l’être si Alan Fairford était homme la moitié de ce qu’il voudrait le faire croire à ses amis. — Et, comme le jeune avocat, au lieu de mettre son