Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/110

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« Bien ! dit-il, ces pauvres gens de Bâle ont sauvé leur réputation, puisque s’ils n’ont pas voulu nous donner l’hospitalité, ils nous ont fourni en abondance les moyens de faire bonne chère. — Ah ! mon ami, répliqua Arnold Biederman, l’absence du maître ôte à un repas beaucoup de valeur. Mieux vaut la moitié d’une pomme reçue de la main de votre hôte, qu’un banquet de noces sans sa compagnie. — Nous leur devrons d’autant moins de reconnaissance pour leur festin, dit le banneret de Berne ; mais, d’après le langage douteux qu’ils ont tenu, je pense qu’il serait convenable d’établir une forte garde cette nuit, et même que quelques uns de nos jeunes gens fissent de temps à autre une patrouille autour de ces vieilles ruines. La place est forte et facile à défendre : nous devons donc eu savoir gré à ceux qui ont agi comme nos quartier-maîtres. Pourtant, avec votre permission, mes honorables confrères, nous examinerons l’intérieur de ce bâtiment, puis nous arrangerons des gardes régulières et des patrouilles… À votre poste donc, jeunes gens, et fouillez-moi soigneusement ces ruines… peut-être renferment-elles d’autres gens que nous-mêmes ; car nous sommes près d’un homme qui, semblable à un renard voleur, agit plus volontiers de nuit que de jour, et cherche sa proie plutôt au milieu des ruines et des lieux abandonnés qu’en pleine campagne. »

Tous accédèrent à cette proposition. Les jeunes gens prirent des torches dont il avait été laissé une ample provision à leur usage, et firent une exacte recherche dans les ruines.

La plus grande partie du château était beaucoup plus en délabrement et en mauvais état que la portion que les citoyens de Bâle semblaient avoir destinée au logement des ambassadeurs. La toiture n’existait presque nulle part, et le tout était en ruines. L’éclat des lumières… le brillant des armes… le son de la voix humaine et les échos répétant le bruit des pas, faisaient sortir de leurs sombres retraites des chauve-souris, des hiboux et d’autres oiseaux de sinistre augure, habitants ordinaires de tous les édifices rongés par le temps, dont la fuite à travers les chambres désertes jetait sans cesse l’alarme parmi ceux qui entendaient le bruit sans en voir la cause, et occasionnait de grands éclats de rire quand elle était connue. Ils découvrirent que le fossé profond entourait leur retraite de tous côtés, et que par conséquent ils étaient en sûreté contre toute attaque qui pourrait être faite du dehors, à moins qu’elle ne fût tentée par l’entrée qu’il était facile de barri-