Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/158

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« Elle partit alors avec la rage sur la figure et le dépit dans le cœur.

« Le baron d’Arnheim s’avança alors et demanda aux chevaliers et aux gentilshommes qui l’entouraient, s’il en était un seul parmi eux qui osât soutenir l’épée à la main les infâmes mensonges qui venaient d’être débités sur lui, son épouse et sa parente.

« Il n’y eut qu’une voix pour répondre que personne ne voulait soutenir, dans une si mauvaise cause, le dire de la baronne de Steinfeldt, et pour témoigner unanimement dans toute l’assemblée que ces paroles lui avaient été dictées par un esprit de fausseté et de calomnie.

« Laissons alors tomber à terre un mensonge qu’aucun homme de courage n’a envie de relever, reprit le baron d’Arnheim ; seulement les personnes ici présentes verront si la baronne Hermione accomplit ou non les rites du christianisme. »

« La comtesse de Waldstetten lui faisait des signes d’intelligence pendant qu’il parlait, pour lui montrer sa crainte, et quand la foule lui permit de s’approcher du baron, on entendit qu’elle lui disait : « Oh ! ne soyez pas imprudent ! ne tentez pas d’essai ! il y a du mystérieux dans ce talisman d’opale ; soyez sage, et laissez l’affaire tomber. »

« Le baron qui s’était mis en colère, et beaucoup plus vivement qu’il ne convenait à un homme prétendant comme lui à une réputation de sagesse… quoiqu’on doive accorder peut-être qu’un affront public, en pareil lieu, à pareille heure, suffisait bien pour ébranler la prudence de l’homme le plus calme, et la philosophie la plus sage… répondit d’un ton bref et sévère : « Allons, êtes-vous folle aussi ? » et il persista dans sa résolution.

« La baronne d’Arnheim entra à ce moment dans le salon, pâle encore par suite de ses couches, de manière à rendre son aimable visage moins animé sans doute, mais plus intéressant que de coutume. Après avoir présenté avec l’attention la plus gracieuse et la plus bienveillante ses compliments à toute la société réunie, elle allait demander pourquoi madame de Steinfeldt n’était pas présente, lorsque son mari donna le signal de se rendre à la chapelle, et lui offrit le bras pour fermer la marche. La chapelle était pleine d’une brillante compagnie, et tous les yeux se tournèrent sur les époux lorsqu’ils entrèrent dans le saint lieu, immédiatement précédés de quatre jeunes demoiselles qui portaient le petit enfant dans un berceau léger et splendide.