Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/16

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de courir le risque de l’épreuve. Il était accusé par ou devant le district, ou le thane de Wapentake. S’il était un homme fidèle, il suffisait de son serment pour l’absoudre ; mais il portait les fers s’il ne pouvait se prévaloir d’une bonne et belle réputation. Originairement on suivait peut-être la même marche en Westphalie : car quand un wisseden était accusé, il pouvait se disculper par son serment, étant présumé jouir d’une bonne réputation. Il est donc probable que l’accusé non initié, étant placé à un degré plus bas pour le caractère et la confiance que l’on pouvait avoir en lui, avait en dernier lieu la faveur de l’épreuve. Mais quand le jugement de Dieu fut aboli par l’ordre de l’Église, il ne fut plus permis aux juges vehmiques de soumettre l’accusé à un second jugement.

Les tribunaux vehmiques peuvent seulement être considérés comme les juridictions primitives des vieux Saxons, qui survécurent à la conquête de leur pays. Les formes singulières et mystiques de l’initiation, le système des phrases énigmatiques, l’usage des signes et des symboles pour se reconnaître, peuvent être probablement placés dans les temps où tout le système se trouvait lié à l’adoration des divinités de la vengeance, et où les jugements étaient prononcés par les Doomsmen assemblés, tel que les Asis de l’antiquité devant les autels de Thor ou de Woden. Il est resté dans les juridictions territoriales anglaises quelques faibles vestiges de ce lien avec l’ancienne politique païenne, dont on voit si clairement les traces dans les cours d’Islande ; mais le mystère était depuis long-temps disparu, et le système entier passa dans le mécanisme ordinaire de la loi.

De même que dans les tribunaux vehmiques, il est reconnu que dans un temps et un pays barbare, leurs procès, quoique violents, ne furent pas sans utilité. Leur vengeance, aussi sévère que secrète, arrêtait souvent la rapacité d’un noble brigand, et protégeait l’humble suppliant. L’extension et même l’abus de leur pouvoir étaient en quelque sorte justifiés dans un empire divisé en nombreuses juridictions indépendantes, qui n’étaient soumises à aucun tribunal supérieur capable de rendre une justice impartiale à l’opprimé. Mais dans les progrès du temps, les tribunaux vehmiques dégénérèrent. Les échevins, pris dans les rangs inférieurs, n’avaient aucune considération personnelle. Ennemis des villes opulentes de la Hanse, objets des soupçons et de la haine du pouvoir aristocratique, les tribunaux de quelques districts furent abolis par la loi. D’autres prirent la forme de juridictions ordinaires territo-