Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/200

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« Suis-moi, Melchior, — dit la voix grave du prêtre ; et ses yeux perçants étaient en même temps fixés sur le prétendu novice, avec un regard qui rappela aussitôt Arthur au sentiment de sa position. Ils cheminaient, personne ne faisant attention à eux, sinon pour faire au prêtre une révérence silencieuse, ou murmurer une courte phrase de salutation. Lorsqu’ils eurent traversé environ la moitié de la ville, le guide laissa tout-à-coup la grande rue, et, enfilant vers le nord une courte ruelle, il arriva au bas d’un escalier, qui, comme dans toutes les villes fortifiées, aboutissait au rempart, ou à une promenade s’étendant derrière et le long d’un parapet flanqué, d’après la vieille mode gothique, de distance en distance et à chaque angle, de tours de formes et de hauteurs différentes.

Il y avait des sentinelles sur les murs ; néanmoins le service, à ce qu’il semblait, n’était pas fait par de véritables soldats, mais par des bourgeois qui tenaient des sabres et des épées dans leurs mains. Le premier près duquel ils passèrent dit au prêtre, à voix basse : « Notre projet va-t-il ? — Il va, » répondit le prêtre de Saint-Paul. « Benedicite. — Deo gratias ! » répliqua le bourgeois armé, et il continua sa promenade sur les remparts.

Les autres sentinelles paraissaient les éviter, car elles s’éloignaient à leur approche, ou passaient sans les voir, sans paraître les observer. Enfin le boulevard les conduisit à une vieille tour qui dépassait les murailles, et dans laquelle se trouvait une porte ouvrant sur le rempart. Elle était dans un coin, séparée des autres, et n’était commandée par aucun des angles de fortification. Dans une forteresse bien gardée, un pareil point aurait dû être protégé par une sentinelle particulière ; mais il n’y en avait aucune en faction.

« Maintenant écoute-moi, dit le prêtre, car la vie de ton père, et peut-être celle d’un grand nombre de personnes en outre, dépend de ton attention, et non moins de ta promptitude… Sais-tu courir ?… sais-tu sauter ? — Je ne ressens aucune lassitude, mon père, depuis que vous m’avez délivré, répondit Arthur ; et les daims que j’ai souvent chassés ne courraient pas plus vite que moi dans cette circonstance. — Observe donc, » répliqua le prêtre noir de Saint-Paul, « que cette tourelle renferme un escalier qui mène à une petite poterne. Je vais t’y faire passer… car la poterne est barricadée en dedans, mais non fermée à clef. Tu arriveras alors au fossé qui est presque entièrement à sec. Après l’avoir traversé, tu te trouveras dans l’enceinte des barrières extérieures. Tu pourras