Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/348

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connaît mon bon plaisir à son égard. — Altesse, répondit Contay, j’ai déjà laissé le fils du gentilhomme anglais avec M. de Colvin. — Quoi ! votre propre fils, Oxford ? Il est avec vous ici ? pourquoi ne pas m’en avoir parlé ? C’est un véritable rejeton du vieil arbre ? — C’est mon orgueil de le croire, monseigneur. Il a été le fidèle compagnon de tous mes dangers, de toutes mes courses. — Heureux homme ! » dit le duc avec un soupir. « Vous, Oxford, vous avez un fils qui partage votre pauvreté et votre détresse… Je n’ai personne, moi, pour participer et succéder à ma grandeur. — Vous avez une fille, monseigneur, et il faut espérer qu’elle épousera un jour quelque puissant prince qui sera le soutien de la maison de Votre Altesse. — Jamais ! par saint George, jamais ! » répondit le duc d’un ton vif et bref. « Jamais je n’aurai un gendre pour qu’il se fasse du lit de ma fille un marche-pied afin d’atteindre à la couronne du père ; Oxford, je vous ai parlé plus franchement que je n’ai coutume de le faire… Mais je crois que certains hommes sont dignes de confiance, et je pense, sir John de Vere, que vous êtes du nombre.

Le noble Anglais s’inclina, et allait se retirer, lorsque le duc le rappela.

« Il y a encore une chose, Oxford… La cession de la Provence ne suffit pas tout-à-fait. Il faut que René et Marguerite désavouent cette tête folle de Ferrand de Vaudemont, qui fait de sottes tentatives en Lorraine, et réclame cette province du chef de sa mère Yolande. — Monseigneur, Ferrand est petit-fils du roi René, neveu de la reine Marguerite ; mais cependant… — Mais cependant, par saint George ! ses droits sur la Lorraine, comme il le dit, doivent être positivement désavoués. Vous parlez de leurs affections de famille, pendant que vous me pressez de faire la guerre à mon propre beau-frère. — La meilleure excuse de René pour abandonner son petit-fils, répondit Oxford, sera son incapacité complète à le soutenir et à l’aider. Je proposerai la condition de Votre Altesse, si dure qu’elle soit. »

En parlant ainsi, il quitta le pavillon.