Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/378

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cinq mille hommes chercher… non un plus noble maître, car le monde n’en possède pas… mais des guerres où nous ne serions pas obligés de rougir de nos frères d’armes. — Silence, Campo-Basso, dit le duc, et soyez convaincu que vous servez un prince qui connaît trop bien ce que vous valez pour l’échanger contre les services douteux et non éprouvés de gens que nous n’avons jamais connus que comme des voisins perfides et turbulents. »

Puis s’adressant à Arnold Biederman, il dit d’un ton froid et sévère : « Seigneur landamman, nous vous avons écouté patiemment ; nous vous avons écouté, quoique vous vinssiez devant nous les mains teintes encore du sang de notre serviteur, sir Archibald d’Hagenbach ; car, en supposant qu’il ait été assassiné par une infâme association, qui, par saint George ! tant que nous vivrons et régnerons, ne lèvera jamais sa tête pestilentielle de ce côté-ci du Rhin… cependant il n’en est pas moins incontestable et incontesté que vous assistâtes en armes à l’exécution, et que vous encourageâtes le meurtre que ces assassins accomplirent sous votre protection. Retournez dans vos montagnes, et remerciez Dieu de conserver la vie… Dites à ceux qui vous ont envoyés que je vais tout de suite marcher vers leurs frontières. Une députation de vos plus notables citoyens qui viendront au devant de moi la corde au cou, des torches dans leur main gauche, dans la droite leurs épées qu’ils tiendront par la pointe, pourra apprendre à quelle condition nous vous accorderons la paix. — Adieu donc la paix, et salut à la guerre ! répliqua le landamman ; puissent les maux et les malédictions de la guerre retomber sur les têtes de ceux qui préfèrent le sang et les batailles à la paix et à l’union ! Nous viendrons à votre rencontre sur nos frontières, avec nos épées nues, non pas la pointe, mais la garde dans nos mains. Charles de Bourgogne, de Flandre et de Lorraine, duc de sept duchés, comte de dix-sept comtés, je vous défie et vous déclare la guerre au nom des cantons confédérés et des autres qui se joindront à eux. Voilà, ajouta-t-il, mes lettres de défi. »

Le héraut reçut des mains d’Arnold Biederman la fatale déclaration.

« Ne la lis pas, Toison-d’Or, dit l’orgueilleux duc. Que l’exécuteur la traîne par les rues attachée à la queue de son cheval, et qu’il la cloue au gibet pour montrer quel cas nous faisons de ce méchant parchemin et de ceux qui l’envoient… Arrière, messieurs, » continua-t-il en s’adressant aux Suisses ; « retournez dans