Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/445

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pensée, et s’il pouvait mépriser les frivolités comme il déteste le déshonneur, il occuperait une place élevée dans la liste des monarques. »

Cette résolution une fois arrêtée, le fils présenta son père à la cour du roi René, et l’informa en particulier que c’était un homme de qualité et un lancastrien distingué. Le bon roi, au fond de son âme, aurait préféré un hôte orné de talents moins sérieux et d’un caractère plus gai, à Oxford, homme d’état et guerrier, d’habitudes mélancoliques et graves. Le comte le sentait bien : aussi troublait-il rarement son hôte bienveillant et enjoué par sa présence. Il eut cependant occasion de rendre au vieux roi un service d’une haute importance. Ce fut en négociant un traité entre René et Louis XI de France, son neveu. À ce rusé monarque, René légua définitivement sa principauté, car la nécessité d’arranger ses affaires par une telle mesure fut alors évidente, même pour lui, toute pensée de favoriser en aucune manière Charles de Bourgogne étant morte avec la reine Marguerite. La politique et la sagesse du comte anglais, qui fut chargé presque seul du soin de cette mesure secrète et délicate, furent du plus grand avantage pour le bon roi René, qui se trouva dès lors libre de toute vexation personnelle et pécuniaire, et put ainsi, en jouant de la viole et du tambourin, atteindre paisiblement le terme de sa vie. Louis ne manqua point de se rendre le plénipotentiaire favorable en lui faisant concevoir des espérances éloignées de secours pour seconder les efforts du parti lancastrien en Angleterre. Une négociation, mais ne présentant pas grande chance de succès, fut entamée sur ce point : et ces affaires qui nécessitèrent au comte d’Oxford et à son fils deux voyages à Paris, au printemps et dans l’été de 1476, les occupèrent près de la moitié de cette année.

Cependant la guerre du duc de Bourgogne avec les cantons suisses et le comte Ferrand de Lorraine continuait avec la même fureur. Avant le milieu de l’été 1476, Charles avait réuni une nouvelle armée d’au moins soixante mille hommes, soutenue par cent cinquante pièces de canon, pour envahir la Suisse, où les montagnards guerriers levèrent aisément une armée de trente mille Helvétiens, alors réputés invincibles, et invitèrent leurs confédérés, les villes libres du Rhin, à les soutenir par un puissant corps de cavalerie. Les premiers efforts de Charles furent heureux. Il s’empara du pays de Vaud, et reprit la plupart des places qu’il avait perdues après la défaite de Granson. Mais au lieu de chercher à