Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/447

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toujours avide de nouveauté, cupida rerum novarum, s’attendait à trouver quelque chose qui dût avancer ou retarder sa marche dans tous les événements remarquables qui agitaient le monde.

Arthur venait de sortir du lit et s’habillait encore, lorsqu’un galop de cheval attira son attention. Il n’eut pas plus tôt mis la tête à la fenêtre qu’il s’écria : « Des nouvelles ! mon père, des nouvelles de l’armée ! » et il s’élança dans la rue où un cavalier qui paraissait avoir couru à franc étrier, demandait les deux Philipson, le père et le fils. Il n’eut pas de peine à reconnaître Colvin, maître de l’artillerie bourguignonne. Son visage pâle trahissait l’accablement de son esprit ; son équipement en désordre et ses armes brisées, qui semblaient rouillées par la pluie ou teintes de sang, annonçaient qu’il avait soutenu avec désavantage un terrible combat ; son noble coursier était tellement épuisé lui-même, que c’était à peine s’il pouvait se tenir debout. L’état du cavalier n’était guère meilleur. Quand il descendit de cheval pour saluer Arthur, il chancelait tellement qu’il serait tombé si on ne l’eût aussitôt soutenu. Son œil malade avait perdu la faculté de voir ; ses membres ne conservaient plus qu’imparfaitement celle de se mouvoir, et ce fut d’une voix à demi suffoquée qu’il murmura : « Seulement fatigué… manque de repos et de nourriture. »

Arthur l’aida à entrer dans la maison, et des rafraîchissements lui furent servis ; mais il refusa tout, excepté un bol de vin. Après en avoir bu quelques gouttes, il s’assit, et regardant le comte d’Oxford avec l’air de la plus profonde affliction, il s’écria : « Le duc de Bourgogne !… — Est-il tué ? répliqua le comte ; j’espère que non ! — Mieux vaudrait qu’il l’eût été ; mais le déshonneur est venu avant la honte. — Il est donc vaincu ? — Si complètement, si horriblement vaincu, que toutes les défaites que j’ai jamais pu voir ne sont rien en comparaison.

« Mais où et comment ? Vous étiez supérieurs en nombre, disait-on. — Deux contre un au moins ; et quand je vous parle ici de cette bataille, j’ai bonne envie de me déchirer la peau avec les dents d’être forcé de vous conter une histoire si honteuse. Nous étions campés depuis une semaine devant cette méchante ville de Morat, ou de Murten, ou de quelque autre nom qu’il vous plaira de l’appeler. Le gouverneur qui est un de ces entêtés montagnards, de ces ours de Berne, nous envoya défier. Non seulement il refusa de nous ouvrir ses portes, mais encore nous fit répondre, lorsque nous sommâmes la ville de se rendre, que nous pouvions entrer s’il nous