Paix, mes braves, que l’on se taise !
Dans le jardin et le château !
et avec le double zèle d’un patron et d’un élève, il fit ranger le
cercle autour de lui, et recommanda l’attention à tout le monde ;
lui-même s’assit avec l’air d’un profond intérêt, non sans y mêler
quelque chose de la gravité d’un critique de profession. Les courtisans
attachèrent leurs yeux sur le roi, afin d’être à portée de deviner
et d’imiter les émotions qui se peindraient sur ses traits, et
Thomas de Vaux bâilla d’une manière formidable comme un
homme qui se soumet avec répugnance à une pénitence ennuyeuse.
Le chant de Blondel était en langue normande, mais les vers qui
suivent en indiqueront le sens et en donneront une idée.
L’astre du jour, d’une clarté mourante,
Dorait encor les murs de Bénévent,
Tout preux guerrier, au château, sous la tente,
Se préparait pour le tournoi suivant.
Un jouvenceau, portant habit de page,
Devers le camp poussait son destrier,
Et demandait à tous, sur son passage,
Thomas de Kent, Anglais et chevalier.
Il chevaucha plus loin que son attente,
Sans rencontrer le guerrier qu’il cherchait ;
Mais, découvrant enfin son humble tente,
Où nul métal que le fer ne brillait,
Trouva le preux rempli d’un noble zèle,
Qui réparait de sa vaillante main
Le bon haubert qu’en l’honneur de sa belle
Dans le tournoi il portera demain.
Le page dit : « Mon illustre maîtresse
(À ce grand nom s’incline le guerrier),
De Bénévent souveraine princesse,
Ne peut aimer un obscur chevalier ;
Mais si, malgré son rang et sa naissance,
D’un fol espoir ton cœur s’était flatté,
Par de grands faits prouve que ta vaillance
Est haute autant que ta témérité. »
« De la princesse écoutant l’ordre étrange,
Jette demain ton haubert de côté ;
Et pour armure il faut prendre en échange
Ce vêtement qu’elle-même a porté.