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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/23

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bonnet écarlate, et de nombreuses boucles de cheveux, s’échappant de dessous cette coiffure, relevaient encore une figure assez agréable. Il n’avait pour toute arme qu’un bâton dans la main, car il n’était pas d’usage que des personnes de son rang… il était apprenti du vieux Glover… se montrassent dans les rues, armés d’une épée ou d’une dague, privilège que les cottes de mailles, ou suivants militaires de la noblesse, croyaient devoir posséder exclusivement. Il accompagnait son maître à l’office, en qualité de domestique, ou comme défenseur, si son intervention devenait nécessaire. Mais il n’était pas difficile d’apercevoir, à l’attention empressée qu’il témoignait à Catherine Glover, que c’était à elle plus qu’à son père qu’il désirait consacrer ses bons offices. En général, son zèle n’avait point occasion de se manifester ; car un sentiment de respect portait naturellement les passants à céder le passage au père et à la fille.

Mais quand les casques d’acier, les barrettes et les plumets des écuyers, des archers et des hommes d’armes commencèrent à se mêler parmi la foule, les porteurs de ces distinctions militaires se montrèrent moins polis que les tranquilles citoyens. Quand par hasard ou peut-être pour se donner plus d’importance, un de ces personnages prenait le côté du mur sur Simon, le jeune domestique du gantier fronçait les sourcils avec une expression menaçante, et semblait chercher l’occasion de prouver son zèle pour le service de sa maîtresse. Mais chaque fois, Conachar, tel était le nom du jeune homme, recevait une réprimande de son maître, qui lui donnait à entendre qu’il ne devait intervenir que quand on le lui demanderait. « Jeune étourdi, disait Glover, n’as-tu pas vécu assez long-temps dans ma boutique pour savoir qu’un coup occasionne une querelle… qu’une dague coupe la peau aussi vite qu’une aiguille perce le cuir… que j’aime la paix, quoique je n’aie jamais craint la guerre, et que je m’embarrasse peu de quel côté de la chaussée ma fille et moi nous marchions, pourvu que nous suivions notre chemin en paix et tranquillité ! » Conachar allégua son zèle pour l’honneur de son maître, sans pouvoir toutefois apaiser le vieux citoyen… « Qu’avons-nous de commun avec l’honneur ? dit Simon Glover. Si tu veux rester à mon service, il faut songer à l’honnêteté et laisser l’honneur aux rodomonts qui portent des éperons à leurs talons et du fer sur leurs épaules ; si tu souhaites porter et mettre en usage un tel équipement ; eh