Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gements pour des lais de ménestrel ; mais je ne puis leur en donner de meilleurs, puisque je dois améliorer ma fortune, au risque de gâter mes vers. — Fort bien, mon cher fils ; et tu as fait, j’espère, un heureux voyage ? — Oui, un très-profitable, père. J’ai vendu le corselet d’acier, que vous savez, 400 marcs, au gouverneur anglais des Marches de l’Est, sir Magnus Redman. Il n’a pas même marchandé d’une pièce de deux sous, après que je lui eus permis de l’éprouver par un coup de sabre ; tandis que ce mendiant vagabond de montagnard qui l’avait commandé rechignait à m’en donner la moitié de cette somme, quoique l’armure m’eût coûté un an de travail. — Eh ! pourquoi tressaillir ainsi, Conachar ? » dit Simon s’adressant par forme de parenthèse à son apprenti ; « n’apprendras-tu jamais à te mêler de tes propres affaires, sans écouter ce qui se dit autour de toi ? que t’importe qu’un Anglais trouve bon marché ce qui peut sembler cher à un Écossais ? »

Conachar se retourna pour parler, mais après un instant de réflexion il baissa les yeux, et tâcha de reprendre son calme, qui avait été troublé par la façon dédaigneuse dont le forgeron avait parlé de ses pratiques des Highlands. Henri continua sans faire à lui la moindre attention.

« J’ai vendu à bon prix quelques épées et coutelas, quand j’étais à Édimbourg. On y attend la guerre, et s’il plaît à Dieu de l’envoyer, ma marchandise vaudra son prix. Saint Dunstan nous force à la reconnaissance, car il exerçait notre métier. En un mot, ce gaillard-ci, » continua-t-il en soulevant sa bourse dans sa main ; « qui, comme vous le savez, père, avait le corps si mince quand je partis, il y a quatre mois, est maintenant aussi rond et aussi plein qu’un porc de six semaines. — Et cet autre gaillard d’acier recouvert de cuir, qui pendille derrière celui-là, a-t-il paressé tout ce temps ? demanda le gantier. Allons, joyeux forgeron, avoue la vérité ! combien as-tu eu de querelles, une fois le Tay passé ? — Oh ! vous me faites grand tort, père, en m’adressant une pareille question en pareille compagnie, » répliqua l’armurier en lançant un regard à Catherine : « je fabrique des épées, d’accord, mais je laisse à d’autres le soin de s’en servir. Non, non, je n’ai pas souvent d’épées nues en main, sinon quand je les retourne sur l’enclume ou sur la meule et ils m’ont calomnié auprès de votre fille Catherine, ceux qui lui ont dit que le plus paisible bourgeois de Perth était un ferrailleur. Je souhaite-