Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/102

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même, messieurs, n’avez pas aussi le talent de les expliquer, ce n’est pas à moi d’en décider : en tout cas, un bon conseil n’est plus si facile à donner dans ce pays que du temps des Douglas, et peut-être n’est-il pas sûr de prétendre conseiller sagement. — Bonne femme, s’écria de Valence, si vous voulez me donner l’explication de ce mystère, je vous promets un beau manteau de drap gris. — Ce n’est pas moi, répliqua la vieille femme, qui prétends posséder les connaissances qui peuvent être utiles ; mais je voudrais être certaine que l’homme dont je vais vous confier le nom n’aura aucun mal à redouter de vous : sur votre honneur d’homme et de chevalier, me le promettez-vous ? — Assurément, répondit de Valence ; un tel individu recevra même des remercîments et une récompense si ces renseignements sont sincères : bien plus, il obtiendra son pardon s’il a prêté l’oreille à de dangereuses manœuvres ou trempé dans quelque complot. — Lui ? oh que non ! Je veux vous parler du vieux père Powheid, qui est chargé du soin des muniments… (voulant dire, sans doute, des monuments) c’est-à-dire de la partie que vous avez, vous autres Anglais, laissée debout. Je vous parle du vieux fossoyeur de l’église de Douglas, qui peut conter sur les anciens seigneurs, dont Votre Honneur ne doit pas même se soucier d’entendre les noms, plus d’histoires que nous n’en pourrions écouter d’ici à Noël. — Quelqu’un, s’écria le chevalier, sait-il ce que veut dire cette vieille femme ? — Je présume qu’elle parle, répondit Fabian, d’un vieux radoteur qui est, je pense, l’arbitre universel concernant l’histoire et les antiquités de cette vieille ville, aussi bien que de la sauvage famille qui y demeurait peut-être avant le déluge. — Et, j’ose le dire, répliqua le chevalier, ce savant en connaît autant que les habitants eux-mêmes sur la matière dont il s’agit ! Mais où est cet homme ? n’est-il pas fossoyeur ? Il peut connaître certaines cachettes qu’on pratique souvent dans les édifices gothiques, et savoir quels sont les gens qui viennent s’y réfugier. Allons, ma bonne vieille dame, conduisez-moi vers cet homme ; ou, ce qui peut être mieux, je vais y aller tout seul, car nous avons déjà perdu trop de temps. — De temps ! répliqua la vieille. Votre Honneur fait-il donc attention au temps ? À coup sûr, c’est tout au plus si j’en ai assez pour veiller aux intérêts de mon corps et de mon âme. Mais vous n’êtes pas loin de la maison du vieillard. »

Elle se mit alors à lui montrer le chemin, trébuchant contre des tas de décombres, et heurtant contre tous les obstacles qui inter-