Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/109

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au fer. Sachez que vous ne pouvez rien de plus contre le faible mortel que vous menacez d’une destruction semblable. Il vous est loisible de dépouiller mon corps de la peau dont il est maintenant recouvert ; mais quoique mes nerfs puissent se contracter par la force de la douleur pendant cette opération cruelle, elle ne produira point sur moi plus d’effet que le chasseur n’en produit sur un cerf dont il déchire les membres, quand une flèche l’a auparavant percé au cœur. Mon âge me met à l’abri de votre cruauté : si vous ne m’en croyez pas, appelez vos agents et commencez vos tortures : ni menaces ni supplices ne parviendront à m’arracher des choses que je ne veux pas vous dire de ma propre volonté. — C’est pour vous jouer de moi, vieillard, répondit de Valence. À vous entendre, il semblerait que vous soyez instruit des mouvements de ces Douglas, et cependant vous refusez de me mettre dans votre secret. — Vous allez bientôt savoir, reprit le vieillard, tout ce qu’un pauvre fossoyeur peut vous apprendre ; et ces communications ne vous apprendront rien de nouveau sur les vivants, quoiqu’elles puissent vous faire mieux connaître mes propres domaines, qui sont ceux des morts. Les esprits des Douglas décédés ne reposent pas en paix dans leurs tombes pendant qu’on déshonore leurs monuments et que leur antique maison s’écroule. Croire qu’à la mort tous les membres d’une famille passent dans les régions de la félicité éternelle ou de la misère qui ne doit pas finir, la religion ne nous le permet pas ; et dans une race que distinguèrent tant de triomphes et de prospérités terrestres, nous devons supposer qu’il se trouva beaucoup d’hommes qui ont été justement condamnés à un temps intermédiaire de punition. Vous avez détruit les temples qu’avaient bâtis leurs descendants pour rendre le ciel favorable au salut de leurs âmes ; vous avez réduit au silence les prières et troublé les cœurs par la médiation desquels la piété enfants tâchait d’apaiser la colère céleste et d’éteindre les feux expiatoires. Pouvez-vous donc vous étonner que des esprits livrés aux tortures, ainsi privés des secours qui leur étaient destinés, ne sachent plus, comme l’on dit, reposer dans leurs tombes ? Pouvez-vous donc vous étonner qu’ils se montrent et viennent errer plaintif autour des lieux où la prière que vous avez bannie sollicitait pour eux sans relâche le pardon et le repos ? Êtes-vous même surpris que des squelettes guerriers interrompent vos marches nocturnes, que des fantômes insaisissables viennent troubler vos conseils, et s’opposer autant qu’ils le peuvent aux hostilités que