Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/137

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que les chevaliers entrèrent ; le gouverneur dit à son jeune lieutenant :

« Comme vous paraissez croire que vous connaissez le secret de ce prisonnier, je vous laisse le soin, sir Aymer de Valence, de l’engager à nous le dire, de la manière que vous jugerez la plus convenable. Si cet homme ou son fils ont été injustement maltraités, mon devoir sera de les indemniser… chose qui, je crois, ne sera point fort difficile. »

Bertram leva les yeux et regarda le gouverneur en face ; mais il ne lut rien sur son visage qui indiquât qu’il fût mieux informé du secret pour lequel lui-même se trouvait en prison. Mais la contenance de sir Aymer l’éclaira, et ils échangèrent un regard d’intelligence.

« Vous savez donc mon secret, dit-il, et vous savez quelle est la personne qui prend le nom d’Augustin ? »

Sir Aymer répondit par un coup d’œil affirmatif ; et le gouverneur, regardant alternativement et d’un air très agité le prisonnier et le chevalier de Valence, s’écria :

« Sir Aymer de Valence, si vous êtes vraiment chevalier et chrétien ; si vous avez un honneur à conserver en ce monde et une âme à sauver après votre mort, je vous somme de me dire ce que signifie ce mystère ! Il se peut que vous pensiez vraiment avoir à vous plaindre de moi… dans ce cas, je suis prêt à vous satisfaire comme chevalier. »

Le ménestrel ajouta au même moment :

« Et moi, je somme ce chevalier, par son vœu de chevalerie, de ne divulguer aucun secret relatif à une personne noble et honorable, avant de m’avoir prouvé qu’il agit absolument d’après le consentement de cette personne. — Que ce billet lève vos scrupules, » répliqua sir Aymer en mettant la lettre d’Augusta entre les mains du ménestrel. « Quant à vous, sir John de Walton, loin de conserver le moindre ressentiment de la mésintelligence qui peut avoir existé entre nous, je veux l’ensevelir dans l’oubli, comme provenant d’une suite de méprises qu’aucun mortel n’aurait pu éviter… et ne vous offensez pas, mon cher sir John, si je proteste sur ma foi de chevalier que j’ai compassion du chagrin que ce billet va vous causer. Si mes efforts peuvent vous être de la moindre utilité pour démêler cet écheveau embrouillé, je me dévouerai avec autant d’ardeur que je l’ai jamais fait de ma vie. Ce fidèle ménestrel doit voir maintenant qu’il ne lui est pas possible d’hésiter à découvrir